Medias
Mardi 26 janvier, Le Parisien est passé à 1 euro. Le quotidien se modernise en séparant la sphère publique, réservée au citoyen, de la sphère privée, s'adressant au consommateur.

«Non, Le Parisien n'est pas vieilli et fatigué comme Jacques Chirac, et ce n'est pas une nouvelle formule mais une présentation modernisée.» Thierry Borsa, le nouveau directeur de la rédaction, résume à gros traits les principaux changements de cette «évolution sans révolution» que se veut la nouvelle maquette du Parisien-Aujourd'hui en France (489000 exemplaires, –5% en 2009, selon l'OJD).

Parmi les innovations, un prix qui passe de 95 centimes à un 1 euro, l'intégralité des 48 pages en quadrichromie (au lieu de 32) et surtout une division très nette, dans le journal, entre la sphère publique et la sphère privée du lecteur.

Le quotidien s'ouvre en effet sur le traditionnel "Fait du jour", avant de laisser la place à une grande séquence d'actualité qui comprend désormais les aspects politiques, économiques, sociétaux ou faits-divers du journal. Suit, après le sport, une grande partie intitulée «L'Air du temps» s'adressant moins au citoyen qu'au consommateur, et qui cumule les aspects vie familiale, aménagement de la maison, bien-être, musique, cinéma et télévision.

«Cela va au-delà des rubriques loisirs, spectacles et culture», observe Thierry Borsa. De fait, la thématique propre à l'ex-partie «Vivre mieux» se voit ainsi renforcée de deux à trois pages. «Il s'agit de traiter dans la séquence «L'Air du temps» les aspects constructifs, tout en gardant dans la première partie les sujets de société sur les faits-divers ou la santé», souligne le directeur de la rédaction.

Par la même occasion, la gestion des différentes rubriques d'actualité demandera plus de choix et de sélection dans les sujets. La prise en compte d'un monde numérique d'information permanente est passée par là. «Nous ne sommes plus là pour donner tout le factuel. Nous devons fournir des éléments de compréhension», explique Thierry Borsa. Et de préciser qu'une plus grande souplesse dans l'utilisation de l'espace rédactionnel ne remet pas en cause le fonctionnement du journal: «Nous conservons l'organisation par services car nous ne voulons surtout pas prendre le risque de perdre l'expertise journalistique. Mais nous serons plus collectifs dans le traitement de l'information.»

Suppressions de postes

Comment cette réforme est-elle vécue en interne après l'annonce d'un plan de départs volontaires et la crise managériale qu'a connue Le Parisien suite à l'éviction de Dominique de Montvalon, ex-directeur de la rédaction, en septembre 2009?

«Nous sommes vigilants sur le nombre de pages afin de ne pas tomber dans l'engrenage "moins de papiers, moins de postes, moins de lecteurs", explique Timothée Boutry président de la Société des journalistes. Là, il n'y a pas de réduction de la pagination et la nouvelle formule nous paraît plutôt séduisante. D'autant qu'elle a été conçue en interne et non par un cabinet. On peut aller voir le directeur artistique ou le secrétaire de rédaction si quelque chose ne va pas.»

L'hypothèse de la suppression des cahiers départementaux au profit d'une intégration dans le journal avec une pagination réduite semble pour l'heure écartée, pour des raisons techniques. Reste qu'un comité d'entreprise est prévu vers le 10 mars afin de présenter des réductions d'effectifs. Vingt-cinq suppressions de postes ont été annoncées à la rédaction nationale et des mesures devraient être dévoilées sur les éditions de la petite et de la grande couronne.

«Il faut faire attention car beaucoup d'infos du Parisien viennent des éditions locales: les faits-divers, la burka, les piscines réservées, etc. Appauvrir la rédaction, c'est appauvrir le titre», conclut Timothée Boutry.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.