télévision
Elle a été, mardi 2 février, la première région de France à basculer dans le 100% numérique hertzien. Une opération précédée d'une grosse campagne de communication.

Mardi 2 février, à 10h, RAS sur la place Kléber à Strasbourg, avec ses tramways et ses passants pressés. Pourtant, la nuit précédente, la ville et toute l'Alsace avaient vécu une petite révolution: l'arrêt de la diffusion de la télévision en analogique. A 00h02 exactement, les 31 émetteurs analogiques ont été coupés. Au matin, les 700000 foyers de la région n'avaient plus que la télévision numérique terrestre (TNT) pour regarder la télé via l'antenne râteau. La Basse-Normandie suivra en mars, puis les autres régions jusqu'au 30 novembre 2011.

En réalité, ce changement ne concerne qu'un tiers des Alsaciens, la majorité recevant la télé via le satellite ou l'ADSL. Mieux, selon les observations du Groupement d'intérêt public (GIP) France télé numérique, plus de 95% des foyers alsaciens étaient déjà équipés en numérique avant le jour J. Le fruit d'une communication entamée depuis plusieurs mois, et qui s'est révélée fructueuse. Le GIP a mis les moyens: 345 millions d'euros, dont 70 millions en publicité (lire l'encadré), sont prévus sur trois ans pour accompagner cette mutation au niveau national.

Les actions concernent la publicité classique, le marketing de rue, les relations presse et l'assistance téléphonique. «Le centre d'appels est le cœur névralgique de l'opération», estime Fayçal Daouadji, porte-parole et délégué aux relations institutionnelles du GIP. Ce 2 février, la trentaine de téléopératrices du centre de Schiltigheim s'attendaient à 5000 appels, contre un millier ces derniers jours. La moitié provient des plus de 65 ans, gros consommateurs de télévision et un peu perdus dans les aspects techniques.

Aucun appel de détresse

Sur le terrain, à Strasbourg,  les «guides» du GIP, en blouson rouge vif, interpellent en priorité les seniors place Kléber: «Vous avez regardé la télé ce matin? Vous savez qu'il faut initialiser à nouveau votre adaptateur?» Le message est passé. Le sillonnage des marchés locaux depuis plusieurs semaines a été porteur.

Un peu plus loin, au QG de l'opération, au siège de France 3 Alsace, où se côtoient délégués du Conseil supérieur de l'audiovisuel, de l'Agence nationale des fréquences, de TDF et du GIP, les mines sont détendues. «Ce matin, nous n'avons eu aucun appel de détresse», se réjouit Olivier Gérolami, directeur général du GIP. La secrétaire d'État à la Prospective et au Développement de l'économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, pouvait donc annoncer dans l'après-midi le bon déroulement de ce premier basculement dans le tout-numérique. De quoi rassurer aussi les dirigeants des chaînes, tous tenus régulièrement informés.

Chez BDDP, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), on a aussi gardé un œil sur l'Alsace. L'agence a développé toute la communication grand public. «La télé est un sujet particulièrement impliquant, explique Pascal Barragué, directeur associé de BDDP Unlimited. C'est aussi un défi technique, qu'il fallait vulgariser. Et une communication aussi bien nationale que régionale, et pas au même moment.»

Des vagues télé de plus de 1000 GRP ont dédramatisé l'opération. La presse locale a aussi été très sollicitée. Le 2 février, Les Dernières Nouvelles d'Alsace et L'Alsace titraient sur l'événement. Dans le même temps, d'autres se frottent les mains, comme les magasins d'électronique. À la Fnac Strasbourg, la veille de l'extinction, c'est un linéaire d'adaptateurs TNT de 4 mètres de long qui a été vendu. Les affaires continuent, même pendant une révolution.

 


BDDP en première ligne

Les agences du groupe BDDP ont décroché le ticket gagnant pour la communication du Groupement d'intérêt public France télé numérique grâce à un trio composé par BDDP pour la partie publicité, soit environ 70 millions d'euros, Harrison & Wolf pour les relations presse et CPM pour l'événementiel terrain. L'assistance téléphonique est gérée par B2S, qui a mis en place quatre centres d'appels : Gennevilliers en région parisienne, Schiltigheim près de Strasbourg, Châlon-sur-Saône et Le Mans. Enfin, le GIP travaille aussi pour l'assistance au domicile des particuliers avec Le Public Système, R&C et… La Poste, qui a mobilisé ses facteurs.

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