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Vingt-cinq matchs de la Coupe du monde de football seront produits en 3D. Cette technique nécessite une couverture éditoriale propre, différente de la classique 2D.

Ne vous attendez pas à prendre le ballon dans la figure. Pour la production des vingt-cinq matchs de la Coupe du monde de football prévus en 3D, les réalisateurs ont pris le parti de jouer sur la profondeur de champ des images, et non sur les effets de relief qui donneraient l'illusion de voir un ballon, ou un joueur, sortir du cadre du téléviseur.

«Ce type d'effet est très fatigant pour l'œil et donc le téléspectateur, explique Jean-Charles Van Kerkhoven, l'un des deux réalisateurs des matchs en 3D de la Coupe du monde. Nous devons respecter des distances pour que l'avant-plan ne soit pas perturbant.»

Filmer du football, et du sport, en relief impose une couverture éditoriale particulière qui n'a rien à voir avec une couverture d'un match en 2D. Pour cerner cette difficulté, HBS, la société suisse productrice des images du Mondial, a réalisé huit tests lors de matchs de la Ligue 1, en France. Le dernier avait lieu samedi 8 mai lors de Monaco-Nancy, juste avant que les camions régies ne filent à Londres pour embarquer dans un avion cargo Antonov direction Le Cap (Afrique du Sud).

«Nous devons tout réinventer, afin de raconter au mieux l'histoire, poursuit Jean-Charles Van Kerkhoven. Il faut s'habituer à cette nouvelle norme, en faisant attention d'oublier les réflexes que nous avions en 3D.» D'abord, il a fallu définir les meilleurs emplacements pour les caméras, en fait des couples de caméras placées côte à côte. «Les positions sont beaucoup moins hautes qu'en 2D, explique Jean-Charles Van Kerkhoven. Elles sont à mi-hauteur dans les tribunes afin d'obtenir la meilleure profondeur de champ.»

Quatre caméras sont installées dans les tribunes, deux au centre et une à chaque extrémité du terrain. Quatre autres sont sur le terrain, dont une derrière chaque but. Au total, le dispositif 3D en Afrique du Sud sera donc de huit caméras, auxquelles seront ajoutées les images «upgradées» en 3D de quelques caméras «standards». Mais l'effet du relief est moins saisissant.

En 3D, la réalisation est également particulière. Les plans sont beaucoup plus longs. «Il ne faut pas faire de changements caméras en dessous de 5 secondes comme en 2D. Le cerveau ne tolère pas ces changements de plans répétitifs, affirme le réalisateur belge. Le balayage panoramique est aussi à utiliser avec précaution. Mais il faut faire attention à ne pas perturber la couverture du match, qui doit être parfaitement compris.»

L'outil unique de Sony

La 3D dans le sport introduit un nouveau métier: stéréographe. Ce spécialiste de la prise d'image, souvent issu de l'industrie du cinéma, est le responsable de l'effet relief. C'est lui qui détermine où se situe le point de convergence, c'est-à-dire l'endroit où nos yeux font le point. Le technicien, installé soit derrière le caméraman, soit dans la régie, corrige manuellement l'écartement des deux caméras afin d'obtenir le meilleur rendu possible et d'éviter aux yeux un fastidieux jeu de Yo-Yo.

Pour HBS, Sony, partenaire officiel de la Fédération internationale de football (Fifa), a développé un outil unique qui facilite ce travail : la 3D Box. Le constructeur japonais compte sur la Coupe du monde pour démontrer son savoir-faire industriel dans la 3D et prendre un peu d'avance sur ses concurrents.

En juin, le spectateur français pourra apprécier tout ce travail lors des cinq matchs en 3D que diffusera TF1 sur l'ADSL et le satellite, ou dans les salles de cinéma, qui proposeront vingt-cinq rencontres. La chaîne devra aussi trouver une paire de commentateurs pour un son. Tout va en double.

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