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A 29 ans, l'américain Gurbaksh Chahal est l'un des entrepreneurs les plus fortunés du Web. Il va lancer sa nouvelle société, Radium One, en France à la fin de l'année.

Ses traits ne semblent pas tirés, son regard n'accuse pas de lassitude, mais il s'en excuse par avance : «Je me sens encore jet-lagué». A 29 ans, on se remet vite de ces désagréments-là. La veille, le 16 novembre, Gurbaksh Chahal est arrivé de San Francisco, afin de clôturer la Master Conference de l'IAB France (Interactive Advertising Bureau). Le ban et l'arrière-ban des médias sociaux, des agences de publicité et des groupes de presse se pressaient au Pavillon Ledoyen, à Paris, pour rencontrer le jeune prodige. Thème de la conférence : «Au-delà du ciblage comportemental, de la publicité sur Facebook et des transactions automatisées : quelles perspectives pour les publicitaires, les agences et les éditeurs ?».

Physique de star d'Hollywood, silhouette affûtée et sourire éclatant, Gurbaksh Chahal n'est pas encore connu en France, mais outre-Atlantique, il a déjà eu l'insigne honneur de s'asseoir dans le canapé jaune d'Oprah Winfrey. Il a également fait tomber la veste pour un sweat-shirt dans le programme de télé-réalité Undercover boss, secret millionaire, où il s'immergeait incognito dans une banlieue difficile de San Francisco. On le cite fréquemment parmi les célibataires les plus convoités ou les entrepreneurs les plus fortunés.

Si le rêve américain existe, il en est son incarnation. Le jeune homme, né en 1982 au Punjab, en Inde, a d'ailleurs intitulé sans détour son livre, paru en 2008, The Dream: How I Learned the Risks and Rewards of Entrepreneurship and Made Millions («Le rêve : comment j'ai appris les risques et les récompenses de l'entreprenariat, et comment j'ai gagné des millions»). Des centaines de fois, on lui a demandé de raconter son parcours, mais Gurbaksh Chahal s'exécute de bonne grâce. Le discours est bien rôdé, il participe de la création du mythe. La famille Chahal, de religion sikh, arrive en Californie en 1985. Le père travaille pour les services postaux, la mère est infirmière. A quinze ans, Chahal commence à vendre des photocopieuses sur Ebay. «J'adorais regarder CNBC, j'étais passionné par la net-économie», se souvient-il.

A 16 ans, il utilise les quelques milliers de dollars qu'il a déjà gagnés pour fonder sa première société de publicité sur Internet, Click Agents. Il quitte le lycée et devient ce que l'on appelle aux Etats-Unis un «high-school drop-out» (en décrochage scolaire), en général synonyme d'échec programmé. Chahal fait mentir les statistiques : en 2000, sa société est rachetée 40 millions de dollars par Value Click. L'hyperactif Chahal crée alors Blue Lithium, l'un des premiers acteurs de ciblage comportemental. En 2007, Yahoo débourse 350 millions de dollars pour acquérir la société.

«Je suis entêté, je n'aime pas perdre, et lorsque je décide quelque chose, je vais jusqu'au bout», assène-t-il. On veut bien le croire. Aujourd'hui, il promeut Radium One, sa nouvelle société. Cette dernière permet de cibler les internautes non pas sur les médias sociaux comme Facebook, mais sur l'«Open Web», qui représente aujourd'hui 75 % des activités sociales sur le Web. Radium One devrait se lancer en France fin 2011. Quelles sont les ambitions de Chahal dans l'hexagone ? «Elles sont immenses», sourit-il, carnassier.

Perfection du timing : sur son Iphone, le jeune homme vient de recevoir une invitation. Elle provient de la Maison Blanche. La famille Obama l'y convie le 2 décembre pour une soirée. Chahal fait partie des supporters de la première heure de Barack Obama, et a œuvré pour sa stratégie numérique. «Ne sont invités que les personnes que les Obama ont déjà rencontrées», précise-t-il. Il esquisse un sourire, presqu'enfantin : «C'est plutôt cool !» Le rêve américain, on vous dit.

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