Suite de notre série d'articles rédigés par les étudiants de mastère 2 de communication publique et politique 2.0 de l'ECS (European Communication School). Clarisse Piel se penche sur la manière dont les médias internationaux perçoivent l'élection présidentielle française, et sur leur influence sur la campagne.

Des rigolos, nos hommes politiques? En titrant «France in denial, The West's most frivolous election» (La France dans le déni, l'élection la plus frivole) le 29 mars, The Economist est le premier journal à annoncer la couleur et à montrer que le manque de propositions sérieuses des candidats à l'élection présidentielle n'est pas passé inaperçu outre-Manche. Les médias étrangers ne sont pas insensibles aux problèmes économiques et politiques de la France et leur vision de notre pays joue un rôle déterminant dans la campagne. Déterminant pourquoi? A l'heure de la mondialisation de l'économie, la France se débat dans sa crise économique et les pays du monde, et plus particulièrement d'Europe, ont les yeux rivés sur celui qui devra prendre dans les prochaines années des décisions cruciales.
Nicolas Sarkozy a compris depuis longtemps les enjeux en travaillant durant son mandat sur son image sur la scène internationale. Entre l'épisode bling-bling du Fouquet's et la nomination de son fils à la tête de l'Epad, son début de quinquennat a été peu glorieux en France comme à l'étranger. Après plusieurs années d'exercice, les journalistes internationaux dressent le portrait d'un personnage agité, inconstant, arrogant et qui ne serait pas à la hauteur de sa fonction. The Guardian atténue le trait en saluant les actions menées par Nicolas Sarkozy en Libye ou en Géorgie et en soulignant son «esprit stratégique».
François Hollande se réveille à peine. Peu connu à l'étranger, il souffre aujourd'hui d'un manque de notoriété. Depuis la déclaration de sa candidature aux primaires socialistes, les médias internationaux lui prêtent les traits d'un homme «normal», proche du peuple, manquant certes de charisme comparé à son omniprésent concurrent. Le célèbre quotidien américain, The International Herald Tribune, le présente comme le président «de la plus petite région de France» et souligne son manque d'expérience. En parallèle, le portrait dressé dans The New York Timesle 13 avril dernier montre François Hollande comme le candidat de l'anti-sarkozysme, incarnant les valeurs d'un présidentiable traditionnel français face à un candidat plus «américanisé».

Un président ultra connu...

Un Hollande absent et un Sarkozy omniprésent, mais finalement à quel prix? Le statut de chef d'Etat du président et sa capacité à s'exposer n'ont pas toujours eu les effets escomptés et ont parfois terni son image. Les journaux, étrangers ou français, scrutent ses moindres faits et gestes. L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a dénoncé le 4 mars un «pacte obscur». En l'espèce, différents dirigeants européens se seraient ligués pour ne pas recevoir François Hollande suite à ses déclarations sur la refonte de l'accord européen institué par Merkel et Sarkozy. Vite démenti par les personnes concernées, cet épisode à tout de même marqué les esprits, en France comme à l'étranger. Tout le monde sait que Sarkozy et Merkel forment un couple solide!
Autre exemple médiatique: l'excès de familiarité de Nicolas Sarkozy envers Barack Obama. Entre tape dans le dos et complicités affichées, cette proximité paraît surfaite quand on se souvient des liens qu'il entretenait avec son prédécesseur George W. Bush.
La mise en scène de cette intimité est poussée jusqu'à l'organisation d'une vidéoconférence avec son homologue américain devant la presse française, le 12 avril. Cet entrevue normalement confidentielle à été l'occasion pour Sarkozy de glisser un «Nous allons gagner tout les deux» assez évocateur.

... sous l'œil critique des médias

Aujourd'hui, les médias étrangers connaissent bien Nicolas Sarkozy. Un peu trop même: ils n'ont plus de retenue pour le tacler sur son programme et sa campagne. C'est le Times qui ouvre le bal en l'accusant de xénophobie et de «flatter l'extrême-droite». Le Wall Street Journal en rajoute une couche en titrant son éditorial du 12 mars dernier «Nicolas Le Pen». Sarkozy doit ce nouveau surnom à son programme au sujet de l'immigration ou encore sur le thème du halal. Puis, le Financial Times a pris parti pour Hollande quand Sarkozy évoqué le risque d'une sanction des marchés en cas de victoire de ce dernier. L'affaire va loin quand le président se rebiffe sur le plateau de l'émission Des paroles et des actes, sur France 2. Dès le lendemain, le journal titre alors: «Nous ne t'aimons pas non plus, Sarko»!
Moins attaqué, François Hollande? Certainement pas pour longtemps: en cas de victoire, son exposition médiatique ne fait que commencer!

Clarisse Piel

 

A lire aussi dans la même série:

Derrière l'écran des candidats 

Les politiques nous racontent des histoires

Qui copie le mieux «Obama 2008»?

Et si l'abstention dépassait les 40%?

Moi et mon lieutenant

Communiquer avec la génération Y

La guerre des chiffres

La tweetclash, la cyber bataille des politiques 

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.