La campagne présidentielle laisse un arrière-goût saumâtre aux dirigeants de TF1. France 2 s'est imposée dans le débat politique de l'entre-deux-tours et via ses 26 heures d'émission de Des Paroles et des actes (4,4 millions de téléspectateurs, soit + 157 000 téléspectateurs par rapport aux treize heures de A vous de juger de 2007, contre 3,8 millions de téléspectateurs, soit deux fois moins qu'il y a cinq ans, selon Médiamétrie).
Lors de la soirée électorale, dimanche 6 mai, la chaîne a dammé le pion à la Une en réunissant 5,8 millions de téléspectateurs contre 4,6 millions pour sa consœur. «TF1 se doit de produire les meilleurs contenus lors d'un événement de cette importance, alors qu'il n'y a aujourd'hui plus aucune critique sur la ligne éditoriale de l'antenne», lâche en off un cadre dirigeant de la chaîne privée.
Plus ennuyeux encore, le 7 mai, au lendemain de l'élection présidentielle, le journal télévisé de David Pujadas est venu disputer la suprématie du journal de 20 heures de Laurence Ferrari. A 20h20, France 2 est même devenue pendant quelques minutes le premier JT de France.
Sur le fond, l'évolution des deux JT depuis cet été (voir graphique) montre que l'écart se resserre. Il était de 1,8 million de téléspectateurs en août dernier. Il n'est plus que de un million sur la première semaine de mai.
Serait-ce que France 2 capte les télespectateurs de la Une? "David Pujadas a été meilleur que Laurence Ferrari pendant la campagne, mais le transfert se fait plutôt au profit de Scènes de ménage (M6), de Plus Belle la vie (France 3) ou même du Grand Journal (Canal+), répond Philippe Nouchi, directeur des études audiovisuelles à Vivaki (Publicis). Sans oublier le 19-45 de M6 et BFM TV, qui informent avant le JT." Aujourd'hui, France 2 se stabilise au dessus de 5 millions de téléspectateurs quand TF1 approche les 6 millions.
De plus en plus féminin, le public du journal de 20 heures de la Une, avec 42% de plus de 60 ans, est aussi plus jeune, donc moins installé dans des habitudes que celui de France 2, constitué de 60% de plus de soixante ans. "Il est plus volatil face un JT où les téléspectateurs sont plus âgés et où la fidélité au service public est forte", poursuit Philippe Nouchi. Faut-il aussi penser qu'un électorat majoritairement favorable à François Hollande s'est moins tourné vers le JT de la Une? «Il y a peut-être de ça, mais c'est indémontrable, estime Jean-Louis Missika, sociologue des médias. L'érosion du journal de 20 heures de TF1 correspond à des tendances de fond, liées à l'âge, aux pratiques et à la consommation média."
