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Plus que tout, les animateurs et journalistes radio redoutent l’extinction de voix. Impossible de s’en prémunir. Pour en guérir vite, les recettes miracles circulent dans les rédactions.

Un traumatisme. Bruce Toussaint n'a pas d'autre mot pour qualifier son incident. C'était lundi 4 février. Ce jour-là, le journaliste d'Europe 1 s'est résigné à lâcher le micro. La voix matinale de la station l'avait perdue. «Une grosse grippe m'a terrassé le week-end précédent et a attaqué les cordes vocales», explique l'intéressé. La mort dans l'âme, Bruce Toussaint abdique... une journée.

Le lendemain matin, il doit assurer 2 heures et demie d'antenne en délocalisation à l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois (93). Dans le poste, le journaliste a un ton sourd et rocailleux digne de Dark Vador. «J'ai été pris de panique au début mais à force de lait chaud et de miel, petit à petit ma voix est revenue!», se souvient-il. Ouf!

«C'est tout de même impressionnant car c'est mon instrument de travail», signifie le journaliste pour qui ce problème était une première. Si l'extinction de voix est la crainte des chanteurs et artistes, c'est également un souci majeur pour tous les professionnels de la radio.

 

Solupred, le remède miracle

«Je suis pris d'une extinction de voix au moins une fois par an et on ne peut rien y faire, note, résigné, Stéphane Soumier, qui assure trois heures quotidiennes d'antenne le matin sur BFM Business. La protection est un mythe. Sortir avec une écharpe et se protéger le cou ne sert à rien. La seule solution serait d'arrêter de respirer, car c'est par la bouche que pénètre la bactérie responsable.» Une fatalité en somme.

S'il est donc impossible de se prémunir du mal, les journalistes radio tentent, tant bien que mal, d'en réduire les conséquences. Dans les rédactions, les journalistes échangent leurs expériences sur la question. «Il n'y a rien d'autre à faire que d'entamer un traitement de cheval, tranche Raphaëlle Duchemin, coprésentatrice de la matinale de France Info. C'est de la cortisone, du Solupred!» Chaque journaliste radio qui se respecte garde un tube de ce précieux médicament à portée de main.

Toutefois, aussi miraculeux que soit ce produit, le Solupred reste un produit délivré uniquement sur ordonnance. Du coup, dans les radios, on s'organise. «Les médecins ont une peur bleue de ce médicament et j'ai dû monter mon petit réseau d'approvisionnement grâce à un ami pharmacien», confie Stéphane Soumier qui assure bien maîtriser la posologie et n'utiliser ce produit qu'en cas de nécessité.

Une précaution oubliée quand le journaliste a proposé à un confrère en galère de le dépanner. «Il a été pris de palpitations, et j'ai cru qu'il allait y passer», se souvient Stéphane Soumier, encore horrifié. Heureusement, il n'y a eu aucun drame.

Pour ceux qui ne peuvent avoir accès au Solupred, il y a aussi les recettes de grands-mères, les trucs de vieux pros. «Un confrère a toujours avec lui un produit appelé les "gouttes du Bolchoï", raconte Raphaëlle Duchemin. C'est, paraît-il, très utilisé par les chanteurs lyriques. Je ne préfère pas savoir ce qu'il y a dedans, mais, ponctuellement, c'est très efficace.» Une seule pharmacie délivre le fameux élixir à Paris. L'adresse circule entre initiés.

Et puis, pour les cas les plus désespérés, il y a la solution radicale: «C'est la piqûre de cortisone directement sur les cordes vocales, comme le pratique Mick Jagger, rapporte Stéphane Soumier. Plus sérieusement, le seul truc à faire quand tu sens que tu perds ta voix et que tu sais déjà que le lendemain matin tu seras très mal, c'est d'arrêter de parler.» Le comble du parleur professionnel.

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