Pourquoi avoir décidé de lancer une chaîne d'information internationale israélienne?
Stéphane Calvo. Notre leitmotiv est de montrer le regard d'Israël sur le monde et non pas le regard du monde sur Israël que l'on connaît déjà... Le challenge est passionnant. Les journalistes francophones d'Israël attendent, depuis un certain temps déjà, qu'un vrai média se forme au sein du pays. Ce projet, sérieux et bien pensé, est piloté par Frank Melloul [ex-directeur de la stratégie de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF)], qui bénéficie d'une certaine expérience dans le monde des médias, et par l'investisseur français Patrick Drahi, principal actionnaire dans l'Hexagone de Numericable et patron en Israël du groupe Hot (un réseau de chaînes de télévision et de téléphonie mobile).
A qui s'adressera ce nouveau média, prévu avant l'été, qui émettra en trois langues (français, anglais et arabe)?
S.C. Disponible sur Internet, la chaîne sera aussi distribuée via le câble et le satellite. Ce qui lui permettra d'arroser dans un premier temps toute l'Europe, l'Afrique, le Proche et le Moyen-Orient. Ensuite, nous viserons le marché américain et chinois.
Qu'en est-il de la ligne éditoriale? S'agit-il de faire la propagande de l'Etat d'Israël?
S.C. Non, l'idée est de ressembler, en termes de savoir-faire, à la BBC, France 24 ou Al-Jazira. 70% de nos informations seront internationales. Le direct sera la priorité. C'est très important pour nous de se positionner comme une chaîne d'information internationale classique. Un nouveau journal sera diffusé toutes les demi-heures. Il y aura également au programme une partie magazine (culture, économie, sports, débats...). Lorsque l'actualité l'exigera, nous «casserons» l'antenne. Nous ne serons en aucun cas la chaîne gouvernementale israélienne. Notre ton et notre traitement seront indépendants. Nous donnerons la parole à n'importe quelle composante de la société israélienne.
Quels seront vos moyens humains?
S.C. Nous disposerons d'une rédaction de plus de 150 journalistes répartis sur les trois langues. Des correspondants seront en poste un peu partout comme à New York, Los Angeles, Paris, au Caire, en Asie et même à Gaza. Notre siège sera à Tel-Aviv mais nous disposerons de plusieurs bureaux, notamment à Paris. Du point de vue technique, nous serons équipés intégralement en tout-numérique. Nous avons fait le choix de ne pas proposer de canal en hébreu, car nous estimons que les Israéliens sont déjà suffisamment informés. De toute manière, ils viendront certainement nous regarder en anglais... Vue d'Israël, cette future chaîne est perçue comme un réel espoir. C'était un vœu émis il y a quelques années par Benjamin Netanyahou à la Knesset. Vu de France, j'observe déjà de la part des chaînes existantes (LCI, I-Télé, France 24...) une curiosité et une certaine attente avant notre démarrage.
