Presse
Ce chroniqueur à Quotidien (TMC) et à M, le magazine du Monde est aussi le pilier de So Press et le patron du semestriel L’Étiquette et du magazine Holiday. Portrait d'un bourreau de travail qui cultive la discrétion.

Sa tenue vestimentaire fait l’unanimité. Ses boss louent son élégance, comme sa force de travail et sa fidélité. Marie-Pierre Lannelongue, rédactrice en chef, l’a embauché en 2011 lorsqu’elle préparait M, le magazine du Monde pour faire une chronique. Laurent Bon, le producteur taiseux de Quotidien (TMC), l’a propulsé dès 2011 dans Le Supplément. Franck Annese (So Press) s’appuie sur ses talents multicartes depuis 2003. Franck Durand, qui a relancé la version française du magazine de voyage Holiday, lui en a confié la rédaction en chef. Autant de médias qui ont un point commun, selon Marc Beaugé : «Dans ces entreprises, les gens aiment travailler et s’intéressent plus au faire qu’au bruit médiatique éphémère.» L’homme y a tracé un sillon singulier. Il y traite du vêtement comme d’un support culturel. Il y prône l’esthétique et la qualité. Et s’impose une éthique : «Je ne me moque que des puissants et jamais du physique.» Il théorise sur «le capital temps dont chaque personnalité exposée dispose avant de lasser». Pour ce timide, c’est une bonne excuse pour fuir les réseaux sociaux à l’heure où la mise en scène de soi règne.

Relookeur de Hollande

Depuis deux ans, il dirige le semestriel L’Étiquette, le guide de l’élégance masculine. Carton en kiosque (70 000 exemplaires par numéro) et en podcasts (50 000 écoutes par épisode pour Habitudes). Il y décline son goût pour les vêtements iconiques et boycotte la mode dans ce qu’elle a d’éphémère et de consumériste. Il refuse les séries de mode financées par les marques, qui imposent des silhouettes 100 % sponsorisées. Avec 25 pages de pub dans le prochain numéro et un encart Hermès, les annonceurs suivent. Cette année, le journal va se décliner en anglais et se doter d’un site en français et en anglais. En 2021, place à l’e-shop : seront vendus les références mises en avant dans le magazine, souvent des marques difficiles à dénicher et du vintage.

Ces projets viennent d’obliger ce petit dormeur (quatre heures par nuit) à lâcher la rédaction en chef de Society, qu’il assurait depuis le début. «Ils ont nommé deux personnes pour me remplacer, c’est flatteur», s’amuse-t-il. De quoi rassurer Laurent Bon : «C’est un des plus gros bourreaux de travail que je connaisse. Il est rigoureux et doté du sens de l’effort. Je lui dis d’ailleurs souvent de faire attention à lui car il a beaucoup de casquettes. Et c’est le journaliste le plus chic de Paris.»

Pas étonnant que Gaspard Gantzer, conseiller en communication, lui ait demandé de coacher François Hollande. Marc Beaugé n’avoue ce tête-à-tête présidentiel d’une heure à l’Élysée qu’aujourd’hui : «Il avait été très à l’écoute. Je lui avais suggéré de changer pour une monture de lunettes plus épaisse. Je lui ai aussi appris à faire son nœud de cravate convenablement. Président de gauche, il refusait de porter des vêtements onéreux et sur mesure, ce que je comprends et respecte.»

Foot, fringues et rock’n’roll

Belle trajectoire pour ce fils unique d’ingénieur motoriste de Peugeot et d’une cadre directrice de centrale d’achat dans la grande distribution ! Il a grandi à Rungis, «la banlieue molle, ni difficile, ni dotée d’une culture forte. Mon arrière-grand-père était tailleur, si on post-rationnalise. Ma mère était assez coquette. On faisait notre shopping à Belle Épine avec nos moyens limités. J’aimais le foot, le rock et je suis venu aux vêtements par la musique.» Il en fait les trois piliers de sa vie professionnelle. Étudiant en fac d’histoire, il contacte Franck Annese après avoir lu So Foot. Il devient son premier stagiaire et s’initie au multitasking en bossant aussi pour France Football puis L’Équipe. Encore ébloui, il nous montre la photo de sa remise du ballon d’or à Ronaldinho en 2004.

Il ajoute Technikart et GQ à son arc. «Mais il ne duplique jamais ce qu’il fait et se remet en question tous les deux ans en sortant de sa zone de confort», souligne Marie-Pierre Lannelongue. «C’est un honnête homme, dans la tradition de l’esprit français. Il s’intéresse à tout», souligne Laurent Bon. Le voilà donc aux Inrocks en 2010. Reporter société, il enquête sur un Johnny criblé de dettes. Il démissionne une semaine après l’arrivée d’Audrey Pulvar, qui l’a promu rédacteur en chef. Le mail de cette dernière n’est pas passé : «Considère que j’ai toujours raison, on gagnera du temps.» Puisque nul n’est parfait, ce père de trois enfants se reconnaît orgueilleux, à la limite de la phobie administrative et déplorable gestionnaire. Franck Annese confirme dans un éclat de rire : «Hors de question de lui confier les finances» ! Chacun son style.

1998 : Il passe son bac avant de faire une maîtrise d'histoire à Paris Tolbiac

2003 : Rencontre Franck Annese et collabore avec lui dès le 2e numéro de So Foot (So Press). 

2005-2010 : Collabore à L'Equipe

2007 : Intègre GQ où il distille des conseils de style

Depuis 2011 : Chroniqueur à M le magzaine du Monde et à l'hebdo du Supplément (Canal +) puis à Quotidien sur TMC. 

2015-2020 : Rédacteur en chef de Society (So Press)

2018 : Lance L'Etiquette (So Press)

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