Étude
Reporters sans frontières publie ce mardi 21 avril son classement mondial de la liberté de la presse. Son secrétaire général, Christophe Deloire, regrette que la crise du coronavirus soit utilisée par certains pays pour mettre en place «des dispositifs de censure massifs».

Les dix prochaines années seront sans doute «une décennie décisive» pour la liberté de la presse, alerte Reporters sans frontières (RSF), qui publie ce mardi 21 avril l'édition 2020 de son classement mondial de la liberté de la presse. «L'épidémie est l'occasion pour les États les plus mal classés d'appliquer la stratégie du choc, théorisée par Naomie Klein : ils profitent de la sidération du public et de l'affaiblissement de la mobilisation pour imposer des mesures impossibles à adopter en temps normal», déplore auprès de l'AFP Christophe Deloire, secrétaire général de l'organisation.

C'est le cas de la Chine (177e) et de l'Iran (173e, -3 places), «qui ont mis en place des dispositifs de censure massifs» à l'occasion de la crise sanitaire, ou de la Hongrie (89e, -2 places), où le Premier ministre a fait voter une loi «coronavirus», qui prévoit des peines allant jusqu'à cinq ans de prison pour la diffusion de fausses informations. «Que seront la liberté, le pluralisme et la fiabilité de l'information d'ici l'année 2030 ? La réponse à cette question se joue aujourd'hui», estime Christophe Deloire.

Deux places de moins pour la France

Le classement 2020, qui étudie 180 pays et territoires, fait apparaître une légère amélioration de l'index général sur un an, mais il ne tient pas compte de l'épidémie. Si le pourcentage de pays situés dans la zone blanche du classement, qui indique «une bonne situation» de la liberté de la presse reste inchangé (8%), la proportion des pays en «situation critique» augmente par rapport à 2019 (+2 points, à 13%).

En bas du classement, on retrouve la Corée du Nord (180e, -1 place), qui ravit la toute dernière place au Turkménistan, tandis que l'Érythrée (178e) reste le pire représentant du continent africain. Le trio de tête regroupe la Norvège, première pour la quatrième fois d'affilée, suivie de la Finlande et du Danemark (3e, +2 places).

La France se classe 34e, deux places de moins que l'an dernier. «L’année 2019 a été marquée par une hausse très inquiétante d’attaques et de pressions contre les journalistes. Nombre d’entre eux ont été blessés par les tirs de LBD (lanceurs de balles de défense) ou de gaz lacrymogène des forces de l’ordre, et agressés par des manifestants en colère pendant le mouvement des Gilets jaunes puis lors des manifestations contre la réforme des retraites», justifie l'ONG. RSF pointe aussi «le nombre croissant de cas d’intimidations judiciaires visant les journalistes d’investigation afin d’identifier leurs sources».

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.