Finances
L'héritier a su ce mardi, au cours d'une assemblée générale, qu'il pouvait se maintenir à la tête du groupe créé par son père. Il devait obtenir le soutien du fonds souverain du Qatar pour être sûr de l'emporter. L'avenir de son statut de gérant-commandité était en jeu.

L'avenir d'Arnaud Lagardère et du groupe qu'il dirige s'est joué ce mardi 5 mai lors d'une assemblée générale qui se tenait à 10h, à huis-clos, et a révélé si l'héritier parvenait à résister au fonds activiste Amber Capital qui critique sa stratégie, sa gestion et ses performances. A la mi-journée, le patron était à peu près sûr de conserver le pouvoir, le fonds britannique ayant vu ses résolutions rejetées à au moins 57%. Arnaud Lagardère s'est félicité d'une « victoire sans appel » en faveur de sa gérance. Les soutiens de Vincent Bolloré et de Nicolas Sarkozy, pour obtenir l'appui du Qatar, semblent avoir été déterminants.

 

Amber, Vincent, Nicolas et les autres

Revendiquant 18% du capital et 14% des droits de vote, Amber proposait l'élection de huit nouveaux membres au conseil de surveillance et le non-renouvellement du mandat de gérant d’Arnaud Lagardère, qui arrive à échéance en mars 2021. Joseph Oughourlian, son patron, assurait avoir l’appui d'autres fonds et actionnaires individuels. Amber remet également en cause le statut du groupe en commandite par actions (SCA), un bouclier qui permet à l'associé-commandité de se maintenir au pouvoir avec seulement 7,3% des parts.

Pour faire échouer ce projet, l’héritier - qui ne pouvait lui-même voter contre les résolutions concernant le conseil de surveillance - devait s'assurer du soutien du fonds souverain du Qatar (13% du capital mais 20% des droits de vote). Nicolas Sarkozy, un ami de longue date, proche de la monarchie du Golfe et coopté récemment au conseil de surveillance, a, semble-t-il, joué son rôle pour rallier cet actionnaire important aux intérêts d’Arnaud Lagardère.

Celui-ci a également bénéficié du soutien de Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, qui a acquis très récemment 10,6% des parts de Lagardère sur le marché, disant vouloir réaliser « un placement financier à long terme ». Le financier Marc Ladreit de Lacharrière, qui vient également d'entrer au capital, en deçà de 5% du capital, a aussi apporté ses voix contre Amber, a expliqué une source proche à l’AFP.

 

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Les deux grands patrons pourraient chercher dans un deuxième temps à se partager certains actifs du groupe, comme les médias (Europe 1, Paris Match, Journal du dimanche), les maisons d’édition du groupe Hachette ou les salles de spectacle (Bataclan, Folies bergères…). Ils pourraient également inciter le fils unique de Jean-Luc Lagardère, lourdement endetté, à renoncer à la commandite voulue par son père.

L’Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme de la Bourse, a publié communiqué pendant le week-end pour rappeler «le droit fondamental des actionnaires d'exprimer leur vote en assemblée générale» et l'interdiction «d'accorder, garantir ou promettre des avantages pour voter dans un certain sens».

Lagardère, qui n'est pas cité, avait expliqué la veille avoir débloqué, «à la demande de l'AMF», les droits de vote rattachés à un «nombre significatif d'actions» acquises dans les délais réglementaires, mais qui se trouvaient pour des raisons comptables «en rétention» chez son opérateur financier.

Parmi ces actions débloquées, la dernière prise de participation d'Amber Capital, devenu premier actionnaire de l'ex-empire industriel et médiatique désormais recentré sur l'édition (Hachette) et la distribution dans les gares et aéroports (Relay).

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