Après plusieurs mois de réflexions en interne et de discussions menées avec les acteurs du marché, Sibyle Veil, PDG de Radio France a dévoilé sa stratégie numérique le 14 octobre. Avec 2,5 milliards d’écoutes tous supports confondus sur les douze derniers mois, 80 millions de podcasts entendus par mois, issus du 1,5 million d’épisodes natifs ou replay, la maison ronde est en position de force pour édicter ses règles. D’autant qu’elle est le plus gros producteur français en la matière. Et le confinement a accru ses performances avec 164 millions d’écoutes de podcasts en huit semaines. Il n’est plus question pour la patronne de la radio publique de se laisser spolier ses contenus sans garantie sur les conditions de leur exploitation et sans contrepartie pour leurs producteurs et leurs auteurs.
Podcast replay
Premier jalon de cette stratégie, le développement des supports de son offre propre. 32 % de ses podcasts sont écoutés sur ses sites et 68 %, sur des plateformes tierces, contre respectivement 16 % et 84 % en 2018. Sibyle Veil se fixe un objectif de 50 % d’ici à 2022. L’appli maison innove avec une écoute du direct qui se mue en podcast replay ou une reprise d’écoute, en cas d’interruption, et la promesse d’une continuité grâce au stream qui s’adapte à l’auditeur, notamment dans le métro ou lors de changement de support (y compris avec un autoradio connecté). Outre les 7 antennes maison, les 24 webradios et les 44 locales, l'appli proposera bientôt un «algorithme de recommandation de service public» destiné à personnaliser l'expérience des utilisateurs en valorisant la découverte plutôt que la dictature du clic, détaille Laurent Frisch, directeur du numérique et de la production. Cette application qui compte 500 000 utilisateurs mensuels propose désormais l’exhaustivité des programmes natifs ou replay depuis dix ans.
Le second jalon de cette stratégie numérique, c’est la signature d’accords avec les agrégateurs. Radio France leur impose des engagements et une « nouvelle chronologie de l’audio ». Sur leurs plateformes, les émissions quotidiennes seront disponibles pendant sept jours et les hebdos pendant un mois. Seuls les journaux radios et programmes anti fake news auront une pérennité de trois mois, comme le détaille Laurent Frisch : « Nous voulons un accord avec chaque agrégateur dans un cadre bénéfique qui respecte notre intégrité éditoriale en préservant nos sons, nos données et nos visuels. Un accord qui respecte aussi les droits d’auteur liés aux podcasts. Nous venons de signer un premier contrat de distribution avec Deezer ». La radio publique s’implique aussi au sein de la plateforme Cosmos, la société commune destinée à la distribution digitale des contenus audios des antennes de Lagardère News, des Indés Radios, du groupe M6 auxquels se sont adjoints NextRadioTV et le groupe NRJ.
Dernier jalon, sa présence sur les assistants vocaux avec l’offre dédiée de Franceinfo. Radio France occupe le terrain, dans la perspective d’une possible explosion des usages à domicile. Car la stratégie de la maison ronde se veut offensive, multicanale, structurée et ambitieuse.
