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La direction, qui propose un plan d'économies et de départs pour faire face à des déficits attendus, se heurte à la mobilisation des salariés qui se sont mis en grève.

Pas de diffuseur pour la Ligue de football professionnel et toujours pas de journal L'Équipe dans les kiosques, après douze jours d'absence à l'heure où nous bouclons. Une première pour le quotidien sportif. Les salariés sont en grève depuis le 8 janvier contre le plan d'économies et de départs prévoyant la suppression d'une trentaine d'emplois en CDI. Ce mouvement est suivi par 80 % des salariés, de sources syndicales, et reconduit toutes les 24 heures.

De quoi provoquer un émoi quasi national relayé par les réseaux sociaux. Après les journalistes et lecteurs, ce sont plus de 200 sportifs qui ont signifié leur attachement au titre à travers quelques mots « Reviens vite, fais vivre de nouveau le sport, tous les sports, et continue de nous raconter, de me raconter ». La liste des soutiens donne le tournis, de Corinne Diacre à Nicolas Batum, en passant par Yannick Noah, Tony Parker, Michel Platini, Alain Giresse, Philippe Candeloro ou Arsène Wenger.

Réaliser 4 à 5 millions d'économies

Pourtant, le conflit s'enlise. D'un côté, la direction du groupe Amaury propose un plan de sauvegarde de l'emploi avec la suppression d'une quarantaine de postes, dont 28 postes de journalistes en CDI, au sein de la SAS L'Équipe (le quotidien, le magazine, Vélo Magazine et l'hebdomadaire France football, en passe de devenir mensuel) qui emploie 350 personnes. L'objectif est de réaliser 4 à 5 millions d'euros d'économies et d'anticiper les 6 millions d'euros de pertes prévues en 2021 (7 en 2022 et 10 en 2023), liées à la baisse des ventes papier, à la crise sanitaire et à l'arrêt des compétitions sportives au printemps.

Face au refus des salariés, Jean-Louis Pelé, directeur général du groupe, propose en alternative un accord de ruptures conventionnelles collectives (RCC) permettant la mise en œuvre de la réorganisation sans départ contraint, à condition qu’il y ait un minimum de 20 volontaires et dans la limite de 34 départs maximum (dont 28 journalistes). Elle serait adossée à un accord de performance collective. Suivant le nombre de départs, la baisse de salaire limitée dans le temps (entre le 01/04/2021 et le 31/12/2022 minimum) varierait entre 5 % et 0,9 % avec suppression de 10 jours de RTT sur les deux années.

Explosion des arrêts

Mandaté, le cabinet Apex-Isast s'inquiète de la situation psychosociale des salariés : « La population menacée et/ou impactée n’est localement pas en bonne santé, ni en situation de faire face aux tensions liées à une perte d’emploi. » Selon l'expert, les dernières réorganisations ont en effet « conduit à exposer les salariés aux risques psychosociaux ». Cela s’est traduit par « une explosion des arrêts moyens et longs » qui « montre l’alourdissement des pathologies et l’usure de la population ». Selon nos informations, à la suite des réorganisations avec mutualisation de nombreux services, le nombre d'absence pour journées de maladies est passé de 1499 en 2018 à 2302 en 2019 avec une surreprésentation des plus de 50 ans avec 711 jours en 2018 et 1904 jours en 2019. Chez les journalistes, les arrêts de longues durées sont passés de 372 en 2018 à 882 en 2019. Des éléments qui incitent à une sortie de crise rapide.

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