Télévision
Samira El Gadir, qui incarne le fact-checking sur les antennes du groupe TF1, veut contribuer à infuser une culture de la vérification des faits avec la même détermination que celle qui a marqué son parcours.

À un an du premier tour de l’élection présidentielle, Samira El Gadir a conscience de la tâche qui lui incombe. Celle qui a pris la tête du service Les Vérificateurs de TF1 et LCI en janvier 2020 sait que le scrutin se déroulera dans un contexte de prolifération sans précédent de fausses informations. Charge aux médias de les déconstruire. « Nier les fake news en n’en parlant pas à l’antenne, c’est les laisser exister. C’est dangereux pour la démocratie », martèle la journaliste de 36 ans, qui après dix ans au service économie du groupe TF1 a voulu donner une nouvelle orientation à sa vie professionnelle, plus riche de sens.

Métier « exotique »

Direction le CFPJ pour une formation de plusieurs mois sur la lutte contre les fake news et le journalisme digital. De retour à TF1 début 2020, la jeune femme prend alors en charge une chronique chaque samedi dans le 20H, Info ou infox. Sous l’impulsion de Thierry Thuillier, directeur de l’information du groupe, une nouvelle marque est aussi créée pour fédérer les initiatives de TF1 et LCI en matière de lutte contre les infox : Les Vérificateurs. Celle-ci se décline sur les antennes des deux chaînes ainsi que sur le site d’information du groupe, où trois à quatre articles de fact-checking sont mis en ligne chaque jour. « Nous ne nous contentons pas de dire si c’est vrai ou faux. Nous apportons les faits, nous donnons nos sources, dans une logique de transparence autour de nos méthodes », raconte Samira El Gadir.

Une trentaine de journalistes de TF1 et LCI vont aussi être formés au fact-checking. « La vérification des faits est un état d’esprit, ça doit devenir un réflexe pour tout le monde », avance la journaliste, qui place le courage au-dessus de la confiance en soi. « C’est une personnalité qui aime les défis, qui ne reste pas dans son sillon initial », confirme Thierry Thuillier.

Son parcours en est l’illustration. Née dans un milieu modeste d’un père ouvrier originaire du Maroc et d’une mère femme au foyer qui l’aurait davantage vu infirmière ou professeure que journaliste, un métier qu’elle considérait comme « exotique », Samira El Gadir a grandi avec sept frères et sœurs à Boulogne-sur-Mer, où elle a été la camarade de classe de Franck Ribéry en sixième. Celle qui rêve déjà de devenir journaliste se souvient de deux professeurs qui « ont changé [sa] vie » en lui faisant par exemple découvrir le théâtre ou les classes préparatoires.

Faute de décrocher son ticket d’entrée dans une école de journalisme, la jeune femme fait son entrée dans le métier, via la Fondation TF1. « Quand on vient d’un quartier, on ne pense pas que TF1 est un milieu fait pour nous. Aujourd’hui, je sens que l’exemplarité est importante », estime Samira El Gadir, qui aime témoigner dans les quartiers pour « montrer qu’il n’y a pas de fatalité ».

Parcours

1984. Naissance à Boulogne-sur-Mer.

2008. Intègre la Fondation TF1.

2010. Embauchée comme reporter au service économie de TF1.

2020. Devient responsable du service Les Vérificateurs de TF1 et LCI.

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