Presse
La presse hebdomadaire d'actualité n'entend pas éluder la moitié de l'humanité. Mais comment faire la part belle aux femmes quand les cercles de pouvoir sont majoritairement masculins ?

Avec sa couverture illustrée par quatre hommes et titrée « Ils nous racontent le monde d’après », le quotidien Le Parisien avait choqué en avril 2020. S’était ensuivi l'enquête parlementaire menée par la député Céline Calvez sur « La place des femmes dans les médias en temps de crise ». Qu'en est-il dans les newsmagazines où le temps de réflexion pour construire la une est plus long ? Aucune statistique n'existe mais la préoccupation est palpable. « C’est un sujet important pour nous et notre démarche est volontariste, assure Cécile Prieur, directrice de la rédaction de L’Obs depuis novembre 2020. Nous sommes un hebdo aux valeurs féministes, progressistes et écologistes ».

Auto-évaluation

L’attention est portée sur le choix des sujets du site comme de l’hebdo. Cécile Prieur est fière que les unes depuis début 2021 offrent une quasi-parité. Elle a désigné un groupe de travail en interne pour réfléchir à un outil d’auto-évaluation. Une démarche inspirée de celle de la BBC. L'objectif ? Une représentation paritaire à 50 % hors postes ou sujets d'actu incontournables...

Pour Étienne Gernelle, directeur de l'hebdomadaire Le Point « Pas question d’être borgne en ne voyant qu’une moitié du monde. La représentation des femmes était déjà une préoccupation quand Franz-Olivier Giesbert était à la tête du journal ». Mais le patron s’agace que l’on résume le sujet au nombre de femmes en une. « C’est la science des analphabètes. Le retour aux livres d’images ou aux images Panini. Je me méfie des règles de comptage et de ceux qui veulent nous encadrer de chiffres et de normes » souligne celui qui est l’un des premiers membres de l’association #JamaisSansElles. Cette dernière impose qu’à chaque réunion, conférence ou manifestation, des femmes soient présentes. Sans quoi, l’invité décline sa participation.

Monde inégalitaire

Mais le challenge du Point est de rendre compte d’un monde inégalitaire « Combien de femmes dans le classement des 500 fortunes du monde et chez les chefs d’État de l’Onu ? interroge Étienne Gernelle. À nous de trouver le meilleur chemin entre trop peu parler de 52% de l’humanité et suivre l’actualité des grands de ce monde, puisque notre journal scrute les sphères du pouvoir, qui sont majoritairement masculines ». Il note cependant que la féminisation des postes de décideurs se reflète dans l’une des rubriques les plus populaires de l’hebdo, État-major, qui affiche le trombinoscope des managers d’une entreprise. Une Angela Merkel à la tête de l’Allemagne a permis à l’hebdo de féminiser ses unes. Une femme à la présidence française résoudrait bien des casse-têtes...

Pour sa part, Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne, s’enorgueillit « que le nom de [leur] journal soit celui d’une femme. Mais s'il est important de représenter l’ensemble des individus, il n’est pas question de choisir un expert en fonction de son sexe mais avant tout de ses compétences. Ce qui nous importe, c’est de refléter toute la diversité de la pensée et de la réflexion. » Pour la patronne de l’hebdo, « la diversité de genre a tendance à faire oublier la diversité sociale et idéologique. Ce sont les personnes qui nous intéressent avant tout ». L’inclusion parfaite en somme !

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