SVOD
Salto vient de souffler sa première bougie. La plateforme détenue par France Télévisions, M6 et TF1 a su grignoter une place dans le marché de la SVOD, même si elle est encore loin des plateformes internationales.

Il n’a pas la taille, les moyens financiers ni la puissance de ses concurrents, Netflix en tête. Pas sûr pour autant que Salto ait à rougir du chemin parcouru en un an, depuis son lancement le 20 octobre 2020. « Il n’était pas couru d’avance de mettre autour de la table trois acteurs majeurs [les actionnaires TF1, France Télévisions et M6] aux approches différentes », rappelle Renaud Kayanakis, directeur télécoms, médias et divertissement du cabinet de conseil Sia Partners. Et pourtant, la plateforme - qui communiquera « plus tard » sur cet anniversaire mais souhaite rester silencieuse pour l’instant - a tenu…

Coups éditoriaux

Sur l’audience, le nombre d’abonnés reste relativement faible. Le chiffre de près de 400 000 est avancé par Les Echos. Soit, malgré tout, une progression, plutôt exceptionnelle : « on note une augmentation du nombre d’abonnés. On est passé d'une part de 0,7 % des Français en décembre 2020 à 2,4 % à fin septembre 2021 », souligne Philippe Bailly, président-fondateur de NPA Conseil. À comparer aux 38 % de Netflix, 25 % d'Amazon Prime et 16 % de Disney+. « Mais seules trois plateformes en France voient augmenter leur taux de pénétration, Amazon, Disney+ et Salto ; Netflix est en baisse », ajoute l'expert. À noter aussi que cela permet aux trois actionnaires du site de SVOD français de s'adresser à une audience plus jeune, de moins de 35 ans.

« C’est une vraie offre de TV enrichie avec des contenus non diffusés sur les antennes », poursuit Renaud Kayanakis. La part de contenus originaux s’est renforcée. « Le catalogue exclusif a doublé avec, à fin août 2021, près de 45 000 épisodes et 2 200 titres dont une petite moitié en replay ou avant-première, près de 30 % de programmes exclusifs et des programmes jeunesse », précise Philippe Bailly. Au-delà, Salto a su orchestrer des « coups » éditoriaux. Friends : The Reunion, la série Germinal de France 2 ou la collection des James Bond ont été mis à disposition (France Télévisions a fait de même avec une chaîne éphémère)…

Peu mis en avant

Par ailleurs, Salto peut s’appuyer sur une production française majoritaire, représentant, selon NPA Conseil, 65 % des titres disponibles à fin août. Une bonne façon de se différencier de la concurrence. En revanche, l’un de ses talons d’Achille demeure la distribution. La plateforme a signé des accords avec un seul opérateur, Bouygues Telecom. Si la cible potentielle reste de près de 68 millions d’habitants, l’accessibilité n’est pour l’heure pas idéale sans une large mise en avant par les FAI.

Pour la suite, la potentielle fusion de TF1 et M6 pose la question de l'équilibre actionnarial. Les deux groupes privés ont, en l'état, les deux tiers du capital de Salto. « Le rééquilibrage pourrait être fait en changeant les droits de vote », dépeint Renaud Kayanakis. TF1 expérimente aussi depuis peu une offre de replay payant et M6 pourrait suivre. La plateforme hexagonale doit continuer à augmenter son taux de pénétration en France, dans un contexte ultra-concurrentiel que devrait renforcer à long terme l’arrivée de HBO Max, en 2023. Au cas où elle déciderait d'attaquer le marché européen, il lui faudrait négocier les droits pour cette zone.

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