Le billet d'Emmanuel Gavard

[Billet] Pour ne pas effaroucher ses hôtes lors du Mondial au Qatar, la Fifa a plié le genou, mais le mauvais. Celle qui a fait tant d’efforts pour lutter contre l’homophobie sur le terrain, a interdit aux équipes de porter le brassard arc-en-ciel.

Par le passé, la personne la plus importante d’une équipe, c’était celle qui portait le brassard de capitaine. Maintenant, c’est celle qui ose porter le brassard arc-en-ciel. Ce symbole de lutte contre l’homophobie est au cœur des discussions au Qatar, pays où l’homosexualité est combattue, plus qu’interdite, encore. Pour ne pas effaroucher ses hôtes, la Fifa a plié le genou, mais le mauvais. Celle qui a fait tant d’efforts pour lutter contre l’homophobie sur le terrain, a interdit aux équipes de s’arborer des sept couleurs.

Quand Harry Kane, le capitaine anglais, a clamé qu’il les porterait tout de même – au prix d’un carton jaune –, le capitaine français, Hugo Lloris, a repris la rhétorique connue : « À Rome, fais comme les Romains ». Le président Macron a beau vouloir ne pas « politiser le sport », comme il l’a affirmé à propos de cette Coupe du monde, les qataris y voient l’opportunité de montrer au monde occidental que son « universalisme » n’est pas le seul au monde. Sacré mur.

En 2018, en Russie, État pourtant guère plus tendre avec la communauté LGBTQ, la question était moins médiatisée car l’engagement de la Fifa, moins fort… Mais n’en déplaise à ceux qui veulent tourner les yeux, la question des ouvriers morts, la question de l’arc-en-ciel, c’est la philosophie universaliste « occidentale » qui s’arrête à la frontière. Et c’est un sacré chambardement philosophique. Il va pourtant falloir trouver un terrain d’entente, car ce n’est pas sans universalisme qu’on va combattre le réchauffement climatique et réussir les prochaines COP.

 

 

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