Le site d’information part en campagne avec des visuels rappelant le concours massif de ses révélations au débat public.

Il est toujours là, au milieu des siens, mais sa succession n’est plus un tabou. « C’est un processus que nous organisons », annonce le 12 mars Edwy Plenel, président et cofondateur de Mediapart, dont le mandat a été renouvelé pour un an. Sans doute le dernier. Après avoir garanti sa liberté éditoriale – qui passe par le refus de la publicité et tout financement public – et sanctuarisé son indépendance capitalistique (via la SPIM, structure à but non lucratif, qui ne porte plus aucun endettement), Mediapart cherche à s’émanciper. Marie-Hélène Smiejan, François Bonnet ou Laurent Mauduit, autres cofondateurs, ont passé la main. Aujourd’hui, la rédaction veut mettre en avant son apport au débat public ainsi que l’organisation d’un collectif exemplaire.

« Sans Mediapart, vous ne l’auriez pas su ». Ce slogan sera décliné dans une campagne d’affichage et une tournée dans quinze villes de France. En amont de la rencontre de Paris, le 25 mars au Centquatre, les quais de métro et de RER présentent déjà des visuels rappelant les révélations du site d’info, parmi 6 300 enquêtes publiées en quinze ans, soit plus d’une par jour. Un livre sera d’ailleurs publié au Seuil en juin avec les quinze articles les plus emblématiques de l’histoire du journal en ligne.

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En 2022, on se souvient notamment de « Sexe, chantage et vidéo » sur le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, de l’affaire Damien Abad ou de la mise en cause du youtubeur Léo Grasset. Par respect de la présomption d’innocence, Mediatransports s’est refusé à afficher certaines affiches comme « un maire qui fait chanter son premier adjoint pendant sept ans avec une sextape, vous y auriez cru ? ». D’autres régies publicitaires ont également demandé des ajustements.

Mais Mediapart doit plus que jamais convaincre de l’intérêt de s’abonner. Fabrice Arfi, journaliste croisé dans les couloirs du journal, estime que des arbitrages sont faits avec l’abonnement à Netflix ou à Spotify. En 2022, le site compte 210 589 abonnés (-1,4 % sur un an) et il a vu son résultat net s’éroder de 36 %, à 2,6 millions d’euros. Une marge encore très confortable (12 %) mais qui doit désormais absorber la volonté de constituer une réserve en cas de coup dur (1,3 million d’euros actuellement). D’où le ralentissement de la progression des effectifs (139 postes ETP), à l’exception de l’effort consenti en faveur d’un renouvellement de l’outil informatique (CMS).

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Sur le volet social, Mediapart entend montrer l’exemple en étant partenaire de l’association La Chance ou en ayant 100 % au baromètre de l’égalité femmes/hommes. Il y va de sa crédibilité. Les salariés ont ainsi tous reçu le même montant de participation (3 453 euros), ils ont tous bénéficié en janvier d’une hausse de 6,3 % de leur rémunération, indexée sur l’inflation, et l’écart entre le plus gros et le plus bas salaire est de 3,37.

« C’est une augmentation automatique, il n’est pas besoin de la justifier par de bons résultats individuels ni de la négocier avec son supérieur hiérarchique », souligne Cécile Sourd, directrice générale. De quoi alourdir la masse salariale et de limiter le recrutement de journalistes, alors que selon Carine Fouteau, codirectrice éditoriale, la montée de l’extrême droite et la responsabilité dans la crise climatique, seront deux questions prioritaires dans les années à venir.

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