Politique

Contrefaçon ou liberté d'expression? Assigné en justice par des artistes après l'utilisation non autorisée d'images dans son clip de campagne, l'avocat d'Eric Zemmour a brandi ce dernier argument le 27 janvier pour défendre son client devant le tribunal judiciaire de Paris.
En l'absence du candidat d'extrême droite à la présidentielle, son conseil Me Olivier Pardo a fustigé une tentative de « censure », et défendu l'usage d'extraits vidéo « dans le cadre d'une courte citation », réclamant l'irrecevabilité de la procédure.
Les sociétés Gaumont et EuropaCorp, les réalisateurs Luc Besson et François Ozon, ou encore la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) avaient assigné M. Zemmour et son mouvement Reconquête! mi-janvier pour « contrefaçon » et « atteinte aux droits moraux et patrimoniaux ».
Pour leurs avocats, l'usage de ces images ne relève pas d'une exception aux droits d'auteur, d'autant que l'équipe de M. Zemmour n'a jamais « pris la peine de contacter les titulaires des droits », ni même de les mentionner en fin de vidéo, laissant planer un doute sur leur accord.

Idées extrêmes, préjudice supplémentaire

« Gaumont et EuropaCorp ne font pas de politique, ils font du cinéma populaire, a défendu leur avocat Me Thierry Marembert, et nous n'avons jamais accordé l'autorisation d'utiliser des extraits à aucun parti ».
« Nous aurions refusé à tout le monde (...) mais être associé à quelqu'un qui a des idées extrêmes, c'est un préjudice supplémentaire », a-t-il reconnu, évoquant les condamnations pénales de M. Zemmour.
Une « fibre politique » sur laquelle l'avocat du candidat a ironisé, pointant plutôt le montant du préjudice réclamé par les plaignants.
Gaumont demande 25 000 euros de dommages et intérêts pour les droits du film « Un singe en hiver » d'Henri Verneuil, 25 000 euros supplémentaires avec EuropaCorp pour « Jeanne d'Arc » de Luc Besson, et les auteurs 5000 euros chacun au titre du droit moral. L'affaire a été mise en délibéré au 4 mars.
Ce clip d'une dizaine de minutes, diffusé en direct sur différents canaux le 30 novembre pour annoncer la candidature d'Eric Zemmour à la présidentielle, a été vu plus de trois millions de fois sur YouTube.
Plusieurs médias, dont l'Agence France-Presse, avaient vivement protesté contre l'utilisation non autorisée de leurs images parmi les 144 extraits employés dans la vidéo, sans aller jusqu'aux poursuites judiciaires. L'écrivain Jacques Attali s'est lui aussi désisté de son action contre le polémiste.

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