Carte blanche
De passage à Paris pour une collaboration avec Leroy Merlin, le designer français, régulièrement sollicité par des grands noms comme Hermès, San Pellegrino ou Ligne Roset, concède un rapport presque obsessionnel au détournement de l’objet.

L’école niçoise

« Même si les études m’ont mené successivement à Lyon et Paris où j’ai été formé à l’École Boulle, mes racines sont à Nice. Une région très riche pour l’art moderne, qui a accueilli les plus grands comme Picasso ou Matisse et vu la naissance des nouveaux réalistes dans le sillage d’Yves Klein, Niki de Saint Phalle… Au-delà du rayonnement international de ce mouvement, il y a ce rapport au détournement de l’objet qui a nourri ma création, aussi bien dans le mobilier que dans la scénographie, avec des structures qui empruntent autant à l’art contemporain qu’à l’architecture. L’utilisation de produits de grande distribution de même que la notion d’accumulation sont d’autres composantes que l’on retrouve fréquemment dans mon travail. »



Milan

« J’ai grandi professionnellement en Italie, où j’ai passé plus de dix ans au contact de Michele De Lucchi. D’où cette idée que le design n’est pas seulement celui de l’objet mais celui des arts appliqués au sens large. La ville de Milan, où je dispose toujours d’un pied-à-terre, ne se livre pas d’elle-même. Le raffinement ne saute pas aux yeux comme à Rome, Paris ou Venise, mais celle-ci cache nombre de palais et de places raffinés pour qui apprend à la connaître. Le cœur de la ville bat par ailleurs au rythme du design, en particulier lors du Salon de Milan, à côté duquel Paris Design Week comme les autres rendez-vous internationaux ne soutiennent pas la comparaison. Le design devient à ce moment-là une matière qui envahit l’espace public avec des événements populaires en parallèle de la foire. »



Achille Castiglioni

« Son nom est peu connu du grand public mais c’est quelqu’un de très renommé dans le milieu du design, pour ses réalisations astucieuses tout particulièrement. C’est à lui qu’on doit notamment le tabouret Sella, inspiré du ready-made et devenu un objet iconique au fil du temps. Il est aussi à l’origine d’objets hyper-fonctionnels qui jouent en même temps sur l’effet de surprise. La lampe Parentesi constitue probablement à ce titre le meilleur des exemples, une réalisation géniale dans la simplicité la plus totale. »



Martin Margiela

« Martin Margiela, c’est une trajectoire à part dans le monde de la mode, un homme qui a été très peu médiatisé dans la mesure où il refusait de se montrer. Un peu à l’image de ce que font les Daft Punk aujourd’hui. Il y a toujours un parfum de mystère autour de ce nom puisque celui-ci, en dépit de son succès, a décidé de tout arrêter du jour au lendemain. Il fait partie de ces personnalités qui ont réussi à innover et à réussir tout en gardant de la distance par rapport au star-system. Deux choses notamment se dégagent de ses réalisations : le détournement de l’objet, encore une fois, de même que l’artisanat poussé à son excellence. »

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