Femmes managers

Elle a le goût de l'échange et des heures qu'on laisse filer. D'aucuns diront qu'elle est bavarde et toujours en retard… Michelle Ferrebeuf, née Touboul-Lévy, présidente de McCann France, a un agenda évidemment minuté. Alors, pour garder une forme de liberté, elle jongle et quitte souvent le bureau après 3 heures du matin. Cheveux blancs, large sourire et franche poignée de main, élégante mais sans ostentation, elle reçoit dans un bureau inondé de lumière et de verdure en face du parc de Clichy. Au mur, des tableaux de son mari et une atmosphère toute féminine. Michelle Ferrebeuf n'est pas réputée autoritaire et est plutôt apte au compromis. Mais si on la trahit, elle se révèle main de fer dans un gant de velours.

Son parcours est atypique. Chef d'entreprise (elle a fondé McCann Direct en 1990), elle a revendu ses parts pour devenir la seule femme présidente d'un groupe de communication issue du marketing direct. Son leitmotiv: l'intégration contre la fatalité des clans. «Je suis un peu la marieuse des talents», sourit-elle. Elle a ainsi créé un comité «new biz groupe», où les patrons partagent leurs contacts.
«Michelle est une pionnière qui va faire passer un cap à son groupe en faisant bouger les lignes, observe Catherine Michaud, présidente de la délégation marketing services de l'AACC. C'est une femme courageuse, discrète et tenace. Centrée, comme disent les psy. Elle est très amusante, juste et humaine.»«Je ne supporte pas l'imposture et le cynisme», confirme cette bosseuse. 

«Management participatif»

Depuis cinq ans, elle a tout affronté et rien lâché. «Un homme aurait peut-être fermé les yeux sur certaines choses, estime Élise Pillemand, la DRH. Ce n'est pas son éthique.» Elle a remis de l'ordre chez Momentum, aujourd'hui intégrée à MRM. Et après s'être trompée en faisant venir de BETC, mi-2007, Élie Ohayon et son équipe, elle a mis sa démission en jeu pour obtenir son départ. L'épisode s'est terminé il y a un an par une mise à pied avec mesure conservatoire du publicitaire. L'affaire sera jugée aux prud'hommes en 2011.

«J'ai en moi cette force de me battre pour défendre mes convictions, même si je dois mourir, confie-t-elle. Je m'enthousiasme vite et j'aime donner ma confiance, mais je ne peux pas réussir si je n'ai pas une équipe soudée qui partage ma vision.» Quatre femmes font bloc autour d'elle, dont Jocelyne Kauffman, directrice générale de MRM, qui souligne «son management entrepreneurial, participatif et peu intrusif».

Mc Cann Paris, agence de réseau, est (enfin?) sur les rails avec deux directeurs, le planneur Jérôme Guilbert, seul survivant de BETC, et le commercial David Leclabart (ex-CLM-BBDO), ainsi que Manoëlle Van der Vaeren, la directrice de création (ex-TBWA MAP). La présidente ne se mêle pas de publicité mais met tout son sens politique dans le relationnel client.

Née en Algérie, marquée par le déracinement puis le divorce de ses parents, on sent chez cette «mama juive» (deux fils!), mariée depuis plus 30 ans et chez McCann depuis 20 ans, que «la construction stable d'un projet commun, l'ouverture aux autres cultures, l'écoute et la disponibilité» dépassent la conviction professionnelle.

 


(Encadré)

Son parcours en bref

Michele Ferrebeuf, née à Oran en 1953, voulait être journaliste. Elle est devenue la papesse du mailing. Un métier découvert aux États-Unis, où elle suit son futur mari après Sup de co Rouen, et où elle passera six ans. Elle a fait toute sa carrière dans le marketing direct. D'abord comme directrice générale de Tequila, avant de créer en 1990 McCann Direct – transformée en 2000 en MRM, agence de marketing services, quand ayant perdu SFR elle comprend qu'il faut élargir les expertises. Depuis 2005, elle est présidente de McCann France (800 personnes) dont les clients sont Nespresso, L'Oréal, Nestlé, etc. Elle préside également MRM et l'agence publicitaire Mc Cann Paris.

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