communication interne
L’entreprise vient de lancer une radio interne, baptisée Myradio et diffusée une fois par semaine. Reportage dans le studio d’enregistrement.

Pas de passage par la loge maquillage ni de raccord de fond de teint. Avant de prendre place dans le studio, au deuxième étage du siège de L'Oréal, à Clichy (Hauts-de-seine), les salariés-présentateurs ne prennent pas le temps de se farder. Ce matin du mercredi 27 avril, Camille Le Gall, du service communication, Annabelle Robert, de l'équipe relations médias, et Andrea Cabrera, directrice de l'image et de l'information corporate, se succèdent devant le micro pour réaliser le sixième numéro de Myradio, la radio interne de L'Oréal.

Plutôt encline à communiquer par l'image, la multinationale de l'hygiène-beauté, dont les murs du siège sont tapissés des différentes égéries de la marque, a décidé, il y a deux mois, de lancer un média à «l'ancienne»: une radio. «Depuis plus de trois ans, on dispose de Mynews, un intranet participatif, très lu et sur lequel est diffusé de la vidéo, mais il fallait créer la voix de L'Oréal, explique Andrea Cabrera. L'objectif est de renforcer la fierté d'appartenance commune, quelle que soit la filiale. En profitant d'un avantage propre à la radio: on peut faire autre chose en l'écoutant.»

L'émission hebdomadaire est enregistrée chaque mercredi et diffusée le vendredi matin sur l'intranet à destination des quelque 50 000 salariés dans le monde qui disposent d'un ordinateur (sur un effectif total d'environ 66 000 personnes). L'Oréal affirme que 5 000 d'entre eux l'écoutent. Le programme, qui dure une vingtaine de minutes, est disponible en trois langues: français, anglais et espagnol. Au menu, une revue de presse, des chroniques et des interviews. C'est Mediameeting, un prestataire spécialisé dans les radios d'entreprise, qui s'occupe de la technique (enregistrement, montage et diffusion), pour un coût annuel de plusieurs dizaines de milliers d'euros pour L'Oréal.

Une dimension collaborative

Retour à l'enregistrement. Dans la salle de réunion 220, transformée en studio grâce à un décor en carton, la matinée commence par une heure de répétition. Les présentatrices relisent les informations, peaufinent les lancements, sous l'œil d'un «prof», en l'occurrence, Claude Paichard, responsable de l'information de Sud Radio pendant vingt ans, aujourd'hui directeur de l'information de Mediameeting. «Mon rôle est de donner un ton, une forme radio», explique l'ancien journaliste.

D'ailleurs, les six salariés de L'Oréal qui sont investis dans le projet ont eu le droit, au départ, à une formation d'une journée pour travailler sur l'élocution, le rythme, mais aussi apprendre à écrire pour la radio.

À 10 heures, les choses sérieuses commencent: l'enregistrement de la version française démarre. Les rubriques s'enchaînent. Claude Paichard et Camille Le Gall se renvoient la balle. «On réalise Myradio avec les moyens du bord, ça fait très radio universitaire, reconnaît Andréa Cabrera. On met à contribution le service communication et relations médias. Il n'y a pas eu d'embauche, donc cela représente un surplus de travail pour tous.»

Cette dimension collaborative, le fait que chacun mette la main à la pâte, c'est un peu l'originalité du projet. «À l'inverse, la plupart de nos clients préfèrent externaliser complètement leur radio, remarque Julien Guillaume, directeur-conseil de Mediameeting. Cela permet à Myradio d'être davantage personnalisée.»

Comme l'émission n'est pas en direct, on n'hésite pas à faire une deuxième ou une troisième prise quand il y a un accroc. Et l'expert de la radio en profite pour distiller ses conseils: «Annabelle, appuie davantage la citation, il faut que l'on sente plus de présence.»

Onze heures, tout le monde souffle, la version française est dans la boîte. Les deux présentateurs du programme en anglais prennent place devant les micros. La traduction espagnole, quant à elle, est externalisée.

Après une courte pause-déjeuner, l'équipe se retrouve pour la conférence de rédaction. Elle bâtit le conducteur de la prochaine émission. «On veille à être très réactifs par rapport à l'actualité, à traiter les informations, bonnes comme mauvaises, détaille Andrea Cabrera. D'ailleurs, s'il y avait une nouvelle crise chez L'Oréal, la radio serait le meilleur outil pour communiquer par rapport à cela.» Rien n'est moins sûr car Myradio est avant tout un journal des bonnes nouvelles, qui égrène les succès du groupe L'Oréal. Les limites de la communication interne…

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