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Patrice Papet, directeur général délégué à l’organisation, aux ressources humaines et à la communication interne de France Télévisions, précise néanmoins que les augmentations salariales se poursuivront en 2012.

Des chantiers à haut risque. Voilà ce qui attendait Patrice Papet, en arrivant à la tête des ressources humaines et de la communication interne de France Télévisions, il y a un peu plus d'un an. Au programme: l'harmonisation des statuts des salariés des chaînes et du temps de travail des journalistes en particulier. Pour relever ce défi, il avait le CV idoine: ex-directeur des ressources humaines (DRH) de France 3 de 2001 à 2005, puis responsable de la politique sociale et des RH à Radio France ensuite, Patrice Papet est rompu à la culture de l'audiovisuel public.

 

Le gouvernement vient de demander à France Télévisions d'économiser 15 millions d'euros en 2012. Quel en sera l'impact pour les salariés?

Patrice Papet. Ces économies ne se feront pas sur la masse salariale. France Télévisions fait travailler près de 10 300 personnes, dont plus de 8 300 permanents. Même si notre contrat d'objectifs et de moyens prévoit une légère inflexion des effectifs, elle n'interviendra qu'à partir de 2013. Parmi les pistes pour parvenir à ces économies, nous allons réduire les coûts de fonctionnement.

 

Est-ce que cela signifie un gel des embauches l'an prochain?

P.P. L'objectif pour 2012 est la stabilisation des effectifs. Donc nous allons vers un arrêt des recrutements externes. En clair, toute embauche sera soumise à mon autorisation. Dans certains cas, ce sera difficile car nous avons des programmes ambitieux à la fois pour rattraper notre retard dans le numérique (France TV Info, télévision connectée, etc.) et accélérer la régionalisation des programmes. À titre de comparaison, il y avait eu plusieurs dizaines de recrutements en 2011.

 

Quelles seront les répercussions de ces restrictions sur les négociations salariales?

P.P. Pour l'année en cours, les augmentations générales se sont élevées en moyenne à +0,9%. Quant aux mesures individuelles, elles ont représenté 0,7% de la masse salariale. En 2012, nous serons à peu près sur la même trajectoire. Globalement, les frais de personnel se montent à 900 millions d'euros par an, et ont augmenté de 1,9% entre 2009 et 2010. Mais cela représente toujours moins de 30% de l'ensemble des charges du groupe.

 

Parmi les sujets de négociations brûlants, il y a le temps de travail…

P.P. Nous souhaitons parvenir à un accord pour les journalistes ainsi que les personnels techniques et administratifs avant la fin de l'année. Il y avait jusqu'ici une dizaine d'accords sur le temps de travail à France Télévisions. Au final, il n'y en aura qu'un seul. Aujourd'hui, si une grande partie des journalistes de France 2 et France Ô sont au forfait jour, à l'inverse, la majorité de ceux de France 3 sont en décompte horaire. Nous allons inciter les journalistes de cette chaîne à opter pour le forfait jour, davantage adapté à l'exercice de ce métier car il confère plus d'autonomie. Bien sûr, cela se fera sur la base du volontariat et avec une incitation financière, avec, peut être, la possibilité de revenir en arrière pendant un à deux ans.

 

Concernant l'accord collectif des journalistes, où en êtes-vous?

P.P. Nous avons signé un nouvel accord collectif le 15 septembre dernier. Jusqu'ici, deux collègues pouvaient être voisins de bureau, exercer la même fonction, ais ne pas dépendre de la même grille de classification. Cela posait problème et il fallait harmoniser tout cela. C'était aussi l'occasion de construire une culture d'entreprise commune à France Télévisions. Nous avons fini de bâtir le nouveau système de classification, qui sera applicable au 1er janvier. Il nous reste à repositionner les collaborateurs dans ces grilles, avec un principe: personne ne sera déclassifié.

 

L'accord prévoit aussi la polyvalence des journalistes…

P.P. Désormais, tous les journalistes peuvent être amenés à contribuer au multimédia. D'ailleurs, au final, cette polyvalence ne concernera pas que les journalistes, mais aussi les personnels techniques et administratifs. D'autant qu'il y a une certaine porosité entre éditorial et technique: de plus en plus de techniciens font des tâches qui se rapprochent de l'éditorial, et vice versa.

 

Quelles sont les règles par rapport aux ménages?

P.P. Ce nouvel accord fixe précisément les règles concernant les «activités extérieures» des journalistes. Par exemple, le médiatraining est interdit, comme toutes les interventions pour les entreprises privées. En revanche, une activité d'auteur est possible sans autorisation de la hiérarchie. Pour intervenir pour des entreprises publiques, il faudra avoir l'accord de ses responsables.

 

En 2009, France Télévisions avait lancé un plan de départs volontaires à la retraite. Où en est-il?

P.P. Il va se terminer fin 2012. On estime aujourd'hui que la population potentiellement concernée représente près de 850 personnes. Pour l'instant, il y a eu 471 départs et 60 intentions déclarées.

 

Il y a quelques semaines, Le Monde évoquait une flambée des arrêts maladie…

P.P. Je ne sais pas d'où viennent ces informations. Si je compare les neuf premiers mois de 2011 par rapport à 2010, je note plutôt une réduction assez sensible, de –4,3%, de jours d'arrêts maladie.

 

L'une de vos journalistes, Caroline Sinz, vient d'être agressée en Égypte. Quel est le rôle du DRH dans ce cas-là?

P.P. Elle va être prise en charge par une cellule psychologique. Et comme elle a décidé de déposer plainte contre ses agresseurs, nous allons également l'accompagner sur le plan juridique. Nous avons choisi d'envoyer une autre femme reporter pour la remplacer. Il ne serait pas acceptable qu'il y ait une différence de traitement. 

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