Ressources humaines
Le site de microblogging est devenu le porte-voix idéal des dirigeants sur le départ, une façon de partir avec tambour et trompette.

«Je suis venu Twitter que je m'en vais...» Le site de microblogging tend à s'imposer comme l'outil à la mode pour annoncer son départ. Dernier exemple en date, le 23 novembre, Yannick Jadot, porte-parole d'Europe Écologie les Verts, proclamait son retrait dans un tweet lapidaire: «En désaccord avec la nouvelle ligne politique d'Éva Joly, j'ai décidé de démissionner de ma fonction de porte-parole.» L'intérêt? La plate-forme de microblogging est la caisse de résonance idéale, puisqu'elle grouille de journalistes et autres communicants. Donc il y a peu de chances qu'un tel départ passe inaperçu.

Hugues Le Bret, ex-directeur de la communication de la Société générale et ex-PDG de Boursorama, a été l'un des précurseurs de la médiatisation de sa démission sur Twitter début octobre 2010, avec ce message: «J'ai démissionné de Boursorama ce dimanche soir. Je quitte le groupe Société générale. Ma présence est incompatible avec ma liberté de parole.» Il faut dire qu'il était sur le point de publier La semaine où Jérôme Kerviel a failli faire sauter le système financier mondial (éditions Les Arènes). En bon communicant, Hugues Le Bret savait que la banque préparait un communiqué de presse pour expliquer son départ qui devait partir le lundi matin. Il a décidé de les prendre de vitesse en donnant sa version à ses «followers», dont ses ex-collaborateurs.
«C'est une information importante pour sa communauté, donc à relayer sur Twitter, comme sur Linked In ou Viadeo», poursuit l'actuel dirigeant d'Achèle, une société de conseil en communication et stratégie. Une bonne façon aussi d'indiquer aux chasseurs de têtes et dirigeants, également très nombreux sur le site, que l'on est disponible pour une autre aventure. Autre démissionnaire «twittophile», Jonathan Schwartz, le patron de Sun Microsystem, qui avait annoncé son départ, début février 2010: «Crise financière/perte de clients/CEO no more.» Ou Carole Bartz, CEO de Yahoo, limogée le 7 septembre: «Relax people, I only got fired from Yahoo. Not drinking. It's not the end of the world.»
Si Twitter sert sans aucun doute à informer sa communauté, cela peut-il remplacer la lettre de démission sur papier, en bonne et due forme? Un message de 140 signes peut avoir une valeur juridique: «La démission ne requiert pas de formalisme particulier, précise Emmanuel Walle, directeur du droit social numérique du cabinet Alain Bensoussan. Seul critère: pour ne pas être contestable, la démission doit être claire et non équivoque. Si c'est le cas sur Twitter, elle sera valable.»

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