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«Serial-entrepreneur» et figure du paysage numérique, Gilles Babinet pilote Captain Dash en multipliant les expérimentations.

Manager des polytechniciens ou des ingénieurs des Mines quand on n'a que le bac: pas vraiment de quoi impressionner Gilles Babinet, cofondateur de la société de «big data» Captain Dash, qui emploie une trentaine de personnes, dont la moitié en France. Il faut dire qu'il a près d'une dizaine d'entreprises créées à son actif, dont Eyeka, Digibonus, MXP4… Et après avoir présidé le Conseil national du numérique, il est aujourd'hui le «digital champion» français auprès de la Commission européenne. Bref, Gilles babinet est une figure de l'économie numérique.

«Chez Captain Dash, les ingénieurs ont 25-26 ans de moyenne d'âge, sortent de grandes écoles, avec des idées préconçues, il faut les secouer un petit peu», sourit-il. D'ailleurs, le recrutement est l'une de ses missions principales: «Je passe mon temps à rencontrer des gens pour les embaucher. Dans une société de la connaissance, la qualité des talents est déterminante. Il vaut mieux passer beaucoup de temps à recruter peu, note Gilles Babinet. Pour les convaincre de rejoindre Captain Dash, je leur explique que l'on va vivre une aventure incroyable en créant des “dashboards” [tableaux de bords destinés aux départements marketing] de A à Z.»

A force de manager des structures digitales, Gilles Babinet a développé son modèle d'organisation idéal: «Nous sommes dans des cycles d'innovation de plus en plus courts, il faut avoir des “process” très structurés, mis en place par des seniors, avec des gens très jeunes à l'exécution, détaille-t-il. Dans ce contexte, les managers doivent avoir une vision assez synthétique, détecter les points bloquants.»

Simon & Garfunkel

Gilles Babinet codirige Captain Dash avec Bruno Walther, ancien patron d'Ogilvy One et de Draft-FCB. Le duo est baptisé Simon & Garfunkel par ses collaborateurs, en raison de leurs ressemblances physiques avec les chanteurs des années 1960. Le look décontracté de Garfunkel (Gilles Babinet) correspond à son management. «Il y a un côté un peu fou dans le style de pilotage, ils suivent des intuitions très fortes, qui s'appuient sur leurs propres expériences, dit Kilian Bazin, vingt-six ans, «chief experience officer» de Captain Dash. Dans le monde des applications, il faut “prototyper” l'idée, la tester très vite en version minimaliste, voir si cela marche, avant de développer les choses.» Un mode de fonctionnement qui requiert beaucoup de confiance: «C'est indispensable pour aller très vite dans une direction, puis faire marche arrière quand cela n'aboutit pas», enchaîne Kilian Bazin.

Même si Gilles Babinet se méfie de trop de «coolitude»: «Les gens sont bien mieux dans leur tête dans un contexte rationnalisé, avec des “process”», juge-t-il. Son expérience d'entrepreneur lui a enseigné la prudence. «En mars 2002, je me suis retrouvé devant le tribunal de commerce car je n'arrivais pas à refinancer mon entreprise, Musiwave, raconte-t-il. En juin, je trouvais un investisseur, et en septembre, l'activité explosait. Cela tient à peu de choses…»


Son parcours en bref

1967. Naissance à Paris.

1987. Bac en candidat libre.

Depuis 1989, multiplie les créations d'entreprises dont Absolut Design (devenu BETC Design), Musiwave (sonneries de portables), Eyeka (cocréation en ligne), Digibonus (plate-forme de jeux-concours)…

2010. Cofondateur de Captain Dash, agence spécialisée dans la «big data».

2011. Préside le Conseil national du numérique.

2012. «Digital Champion» auprès de Nelly Kroes, la commissaire européenne chargée du numérique.

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