Il y a quatre ans, Sandrine Plasseraud lançait We Are Social à Paris depuis un McDonald's, avec connexion Wi-Fi. Aujourd'hui, l'agence d'origine britannique dépasse les 60 salariés (28-29 ans de moyenne d'âge) et va emménager en janvier dans des bureaux flambants neufs dans l'est parisien. «Nous avons réalisé 4,3 millions d'euros de chiffre d'affaires (+142%) à fin juin 2013 (exercice décalé) et nous visons les 6 millions d'euros d'ici à juin pour une centaine de salariés fin 2014», précise la directrice de l'agence spécialisée dans le conseil en communication sur les médias sociaux.
Le groupe We Are Social, présent dans huit pays (Australie, Brésil, Etats-Unis...) compte en tout 420 collaborateurs et a généré 27,6 millions d'euros sur le dernier exercice. Une croissance folle qui se retrouve dans le recrutement: l'agence parisienne a fait passer 266 entretiens d'embauche en un an et demi. «J'assiste toujours à l'entretien final, précise la manager. Je m'appuie sur une équipe ressources humaines de deux personnes, qui gère entre autres le flot de CV: 50 par semaine.»
Pas de bureau à part pour la boss, qui se serre, comme les autres, dans des locaux devenus exigus. Pour communiquer entre eux, les salariés utilisent beaucoup les outils vidéos de Skype, premier client historique de l'agence: «Alors que la plupart des entreprises poussent leurs salariés à migrer des emails vers les plates-formes d'échanges, notre problématique est différente: nous devons ralentir nos collaborateurs, pour qu'ils ne zappent pas trop vite sur des nouveaux outils et que nous utilisions vraiment des plateformes communes», souligne Robin Grant, fondateur et directeur général de We Are Social, basé à Londres.
Créer une tribu
Le social, Sandrine Plasseraud est tombée dedans il y a quelques années. «En 2006 elle avait invité des blogueurs au salon Paris motor show, où nous présentions un concept car Twingo, puis elle avait organisé dans la foulée une opération d'activation en ligne, raconte Philippe Boy, pilote stratégies de contact et positionnement chez Renault, son ancien chef. Le soir même, notre directeur marketing nous appelait pour nous demander de quoi il s'agissait...»
La patronne française, 37 ans, semble encore un peu étonnée de se retrouver, si vite, à la tête d'une PME. «Même si depuis que j'ai dépassé les 50 salariés, c'est plus simple pour moi, souligne-t-elle. Quand nous étions 2, 4 ou 10, je devais tout gérer. D'ailleurs peu de temps après l'embauche de ma responsable RH, je me suis offert trois semaines de vraies vacances, en coupant complètement avec l'entreprise. Aujourd'hui je peux me permettre de passer la moitié de mes journées, à parler, échanger avec les équipes.»
À la tête de We Are Social, elle s'avère une manager exigeante: «Chacun des pôles de l'agence est responsable de sa marge», précise-t-elle. Qui recrute des passionnés: «Je ne regarde jamais les CV des candidats, je ne cherche pas forcément de profils grandes écoles, je m'intéresse plutôt aux lettres de motivation, je regarde s'ils sont présents sur les médias sociaux, et surtout à comprendre ce qui les fait marcher. Mon but: créer une tribu.»
Son parcours en bref
1976. Naissance à Brest.1997. Diplômée de l'ESC Rennes.1998. MBA à De Montfort University, Londres1999. Responsable de zone chez Playtex (Sara Lee) à Londres.2001. Rejoint Renault dans le cadre d'un programme international de jeunes diplômés; d'abord manager marketing & ventes d'une quinzaine de concessionnaires (à Manchester) 2003. Retour en France comme responsable lancement nouveaux véhicules, puis chef de produit Clio et Nouvelle Twingo, 2007. Repart à Londres comme chef de gamme «petites voitures».2008. Devient directrice conseil de We Are Social, à LondresDécembre 2009. Fonde We Are Social France.
