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Après 27 ans chez Mattel, Hervé Parizot est directeur général de vente-privee depuis 2010. Il entend redonner « le sens du mouvement » à cette société « très structurée ».

A côté de l'excentrique Jacques-Antoine Granjon, président de vente-privee, Hervé Parizot a l'allure d'un garçon sage. Celui qui a passé 27 ans chez Mattel, entreprise dans laquelle il est entré à 24 ans, avant de devenir Directeur Général de vente-privee en 2010, a dû rapidement s'adapter à cette société d'un nouveau genre : à son modèle économique unique, «c'est de la joaillerie» commente-t-il, et à sa «croissance folle». Créée il y a 12 ans, vente-privee génère un chiffre d'affaires d'1,6 milliard d'euros, en croissance de 23% en 2013, année où l'entreprise a embauché 624 personnes.

Hervé Parizot croit n'être «pas très bien perçu» par les 2100 salariés de l'entreprise, qui le connaissent mal selon lui, malgré ses quatre années en tant que directeur général. «Cette société a un modèle tellement complexe que j'ai l'impression que je suis arrivé hier!», admet-il. A son arrivée, après un mois d'observation et «d'assimilation», il a trouvé «une entreprise très structurée avec des gens qui ont le syndrome de ceux qui ont inventé un concept et donc un peu bloqués dans leur façon de travailler». Il se fixe alors comme objectif de «redonner le sens du mouvement» à vente-privee.

Un jésuite chez les jedi

Avec son comité directionnel, il a ainsi instauré plusieurs rendez-vous avec ses managers, ou ses «jedi» comme ils sont appelés dans l'entreprise, «car la force est en eux». D'abord des séminaires, où la centaine de managers est invitée tous les trois mois à travailler en groupe autour d'un thème prédéfini. Ensuite, des rendez-vous en «speed dating» où les «jedi» présentent leurs idées de projet. Enfin, «j'essaie de déjeuner toutes les deux semaines avec 10 managers, pour répondre à toutes leurs questions», explique Hervé Parizot.

Pas question pour autant de jouer au patron copain, «je n'y crois pas une seconde», explique-t-il depuis son grand bureau séparé des équipes par un escalier, «je crois à la solitude du dirigeant». Un peu froid? «Si on devait lui donner un qualificatif, ce serait solide, ou sérieux», avance Martine Granier, directrice de la division Voyages de vente-privee.com, qui connaît Hervé Parizot depuis plus de 30 ans et travaille avec lui depuis 2011. Elle loue un homme qui «travaille énormément, très à l'écoute et avec qui il est agréable de travailler» mais qui a parfois «le défaut de ses qualités: il gagnerait peut-être à se lâcher un peu plus», glisse-t-elle. «Il est allé chez les Jésuites et ça ressort de temps à autre», ajoute-t-elle.

La moyenne d'âge de ses salariés est de 31 ans et Hervé Parizot fait partie des doyens de son entreprise. Il apprécie cette jeunesse et est même à l'initiative d'un processus de recrutement de jeunes diplômés. «C'est super pour l'avenir mais à un moment ça pose un problème, il faut un peu d'expérience», estime-t-il. Il a ainsi recruté deux anciens collaborateurs de chez Mattel dans le comité directionnel de vente-privee, entreprise qu'il juge «encore très fragile». «Je ne connais pas une autre entreprise qui a ce potentiel mais il faut encore la pérenniser», estime-t-il.

Pour atteindre la taille critique, l'équipe dirigeante s'est fixée, avec les actionnaires, l'objectif d'atteindre les 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires « le plus tôt possible». C'est là encore un moyen de mobiliser toute l'entreprise autour de projets communs et qui sortent des prérogatives de chacun.

 

Son parcours en bref

Septembre 1958. Naissance à Reims1981. Diplômé de l'ESSEC
1982. Entre chez Mattel comme chef de produit
1996. Directeur général de Mattel France
2008. Présidente Europe du Sud de Mattel
Mars 2010. Entre chez vente-privee en tant que directeur général

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