étude
50% des consommateurs n'ont pas de connaissance précise de l'industrie agroalimentaire.

Entre agriculture, grande distribution et industrie agroalimentaire, les Français n'y voient pas toujours clair: près de la moitié d'entre eux n'ont pas de connaissance précise du secteur. C'est ce qui ressort du tout premier baromètre de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania). Réalisée en septembre 2009 par GFK auprès d'un échantillon représentatif de 1000 internautes, l'étude analyse comment les Français perçoivent l'industrie agroalimentaire. Elle dresse également un bilan des usages, des critères de choix et des attentes des consommateurs. «Nous avons été agréablement surpris des résultats, commente, chiffres à l'appui, Jean-René Buisson, président de l'Ania. Plus de 60% des sondés ont une perception positive de notre secteur.»

Étonnant, en effet, vu l'émergence dans l'opinion de diverses problématiques: inquiétudes sur la sécurité alimentaire, désir de «naturalité», besoin de réassurance (traçabilité, labels, certifications, etc.), attrait pour des offres alternatives (produits biologiques, Association pour le maintien de l'agriculture paysanne, etc.). «Ce secteur est plus apprécié que le textile, l'automobile ou encore la grande distribution, commente Helen Zeitoun, directeur général de GFK. Même s'il lui reste quelques marches à gravir pour rattraper l'artisanat et l'agriculture qui, historiquement, ont la préférence des Français.»

Les sondés ont, en revanche, une perception plus ambivalente de l'offre alimentaire en grande distribution. D'un côté, ils déplorent des prix de plus en plus élevés (87%), une standardisation croissante des produits (84%), un développement des marques de distributeurs (91%) et une diminution des grandes marques alimentaires (67%). De l'autre, 76% d'entre eux jugent que l'offre répond à leurs besoins, qu'elle gagne en variété (74%), qu'elle propose davantage de produits étrangers (73%) et régionaux (72%).

Crise des vocations

La perception de l'évolution du budget des achats alimentaires du foyer est, elle, plus tranchée. «71% des Français affirment qu'il a augmenté, mais cette perception est déconnectée de la réalité, commente Helen Zeitoun. Sa part dans la consommation des ménages a en fait été divisée par deux en 50 ans.»

Pour l'Ania, ce baromètre est un outil de communication pour mieux faire connaître le secteur et nourrir ses prochaines prises de parole. «Il est clair que nous devons gagner en notoriété en assumant notre image d'industriels et en démontrant, encore et toujours, la qualité de nos produits», commente Jean-René Buisson. L'Ania s'apprête d'ailleurs à lancer un appel d'offres pour valoriser le secteur auprès des leaders d'opinion et du grand public.

Le baromètre met d'ores et déjà en avant quelques-uns des points forts du secteur: son caractère innovant (62% des sondés), son soutien à l'exportation (il contribue à promouvoir le modèle alimentaire français à l'étranger) et son aide au maintien de l'emploi en régions. Or l'agroalimentaire, avec pas moins de 10 000 emplois non pourvus, rencontre des difficultés de recrutement. «Ce manque d'attractivité n'est pas lié à une image négative mais plutôt au manque de vision claire qu'ont les consommateurs du secteur», affirme Jean-René Buisson. D'où la nécessité de communiquer dans les mois à venir.


Parole d'expert

 

«La hausse des prix est inévitable»

 

Jean-René Buisson, président de l'Ania

 

«La flambée du cours des matières premières va entraîner une hausse des prix alimentaires. C'est inévitable. Nous devons l'expliquer, la justifier et rappeler le rôle de la grande distribution. Lorsque le prix des matières premières baisse, les entreprises agroalimentaires diminuent d'autant leurs prix de vente. Ceux de la grande distribution, eux, restent stables. C'est ce qui s'est passé en 2009. Nous devons aussi tenir compte de l'aspect fusionnel existant entre le consommateur et les produits alimentaires. Ceux-ci ne représentent que 11% du panier de la ménagère, contre 16% il y a 7 ans, mais ils sont incontournables. Les prix explosent dans la téléphonie, le logement, le high-tech, or personne ne s'en plaint.»

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