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La start-up israélienne Shine Technologies permet à l'opérateur télécoms britannique Three de bloquer les publicités... ou de proposer d'intégrer une liste blanche.

EE et O2 y réfléchissaient depuis plusieurs mois, Three vient de franchir le pas. Dans le cadre d'un accord avec la start-up Shine Technologies, l'opérateur téléphonique britannique va proposer à ses utilisateurs d'activer par défaut le blocage de publicités, y compris sur les applications. Three, qui appartient au conglomérat CK Hutchison (Hongkong), compte plus 30 millions d'utilisateurs en Europe,

Les implications de ce deal sont immenses. Présent en Italie, en Irlande, au Danemark, en Suède et en Autriche, l'opérateur attend le feu vert de la Commission européenne pour racheter O2. Contactée par Stratégies, la start-israélienne Shine Technologies affirme être en discussions avec «une soixantaine» de fournisseurs, dont «une partie importante en Europe». «Ne soyez pas surpris d'apprendre prochainement un accord avec un Français», indique le Chief marketing officer Roi Carthy. 

Evolution naturelle

Jusqu'à présent, les logiciels de blocage de pubs étaient surtout adoptés par les jeunes utilisateurs. La possibilité d'appliquer un filtre par défaut chez le fournisseur devrait convaincre les autres catégories, avec de nouvelles conséquences pour les éditeurs de sites. «Le blocage de pubs est une menace pour certains sites, notamment ceux dont le business model repose sur la publicité, il n'y a aucun doute là-dessus, estime Roi Carthy. Mais cela fait partie de l'évolution naturelle et continue d'internet, et elle est plutôt positive pour les utilisateurs qui, jusqu'à présent, voyaient parfois la moitié de leur forfait data être absorbé par des publicités. Ils payaient pour voir des pub...»

Ce blocage à la source pourrait mettre les opérateurs en position de force, en ce sens qu'il pourront à la fois proposer aux utilisateurs de passer par un péage pour éliminer les publicités... et exiger des tarifs supérieurs aux annonceurs ou régies souhaitant obtenir un passe-droit (liste blanche). 

Cette nouvelle technologie remet aussi en question la neutralité du net, les opérateurs pouvant désormais se positionner en arbitres très intéressés de ce qui peut être visionné, ou pas, par les mobinautes. «Cela n'a rien à voir avec la neutralité du net, se défend Roi Carthy, c'est simplement donner aux utilisateurs la possibilité de ne plus être victimes des abus publicitaires.»

Les réactions de Google et Facebook devraient conditionner les futurs développements. En France, le patron de Free, Xavier Niel, avait tenté de mettre en place une technologie comparable il y a trois ans, mais avait finalement reculé après des discussions avec Google.

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