38% des Français voudraient abandonner l'euro

Avec la crise grecque, l'euro s'enfonce, entamant dans la foulée la confiance des Européens dans l'Union et sa monnaie. Selon une étude TNS Sofres publiée en avril dernier, 68% des personnes interrogées en France jugent que la situation de l'économie européenne est actuellement mauvaise. Les Français continuent cependant à considérer l'Union européenne (UE) indispensable pour répondre aux défis mondiaux. Face à la crise, 73% des sondés soutiennent un rôle plus important de l'UE au niveau international dans la réglementation des marchés financiers.

Jean-François Jamet, économiste à la Fondation Robert-Schuman, expliquait le 29 avril sur lemonde.fr que «la crise qui frappe la Grèce est un test de crédibilité pour l'UE». En effet, l'Europe n'est pas la zone géographique la plus touchée par la crise, car sa croissance était déjà faible, mais ses principaux défauts sont les contradictions liées à sa construction. Il n'existe aucun mécanisme de gestion des crises économico-financières ni de solidarité budgétaire au sein de l'UE. Cependant, pour d'autres problématiques comme la lutte contre le terrorisme ou la recherche scientifique, 86% des Français font confiance aux décisions prises en commun dans l'Union. En revanche, le niveau national est préféré pour la sécurité sociale et la retraite (75%).

Une enquête Eurobaromètre, publiée récemment par la Commission européenne, étudie le jugement que portent les citoyens européens sur la qualité de vie dans soixante-quinze grandes villes. Une majoritédes sondés estime qu'il est difficile de trouver un emploi convenable, excepté à Stockholm, Copenhague, Prague, Munich, Amsterdam et Varsovie. Dans deux tiers des villes, les habitants ont également souligné la difficulté à dénicher un logement (96% à Paris). De plus, la pollution sonore et atmosphérique est jugée préoccupante dans la plupart des villes.

Autre signe alarmant: 38% des Français souhaiteraient que la France abandonne l'euro et réintègre le franc, selon un sondage Ifop pour La Lettre de l'opinion publié le 5 mai. Ils sont cependant 66% à appuyer la contribution française à l'aide internationale de la Grèce. «Ceci n'est pas un simple élan de compassion, mais une crainte de voir les répercussions de la crise grecque sur le système monétaire européen», décrypte Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion publique de l'Ifop. L'Allemagne, elle, se montre moins solidaire: 57% des Allemands estiment qu'une aide financière à la Grèce est une «mauvaise» décision.

La zone euro est-elle vraiment en danger? Si la baisse de la monnaie unique est une vraie aubaine pour le commerce extérieur, le risque de voir la crise se propager à d'autres pays, comme l'Espagne ou le Portugal, hante les esprits. Christine Lagarde s'est même faite menaçante en indiquant le 6 mai sur le plateau du Grand Journal de Canal+, qu'il existe «des méthodes pour retrouver les spéculateurs à l'origine des rumeurs». Les seize pays qui ont adopté l'euro feront-ils face à cette crise? Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a parlé de «fin de l'euro» si l'Europe ne parvient pas à régler ses «problèmes institutionnels fondamentaux».

 

Parole d'expert

«Les jeunes se sentent concernés par l'Europe»

Evelyn Soum, présidente de l'agence Ailleurs exactement

«Je suis convaincue qu'il existe un sentiment d'appartenance à l'Union européenne en profondeur, qui peut être ébranlé par les intérêts nationaux de chacun. Le dénominateur commun entre les vingt-sept pays est une vision commune liée à la jeunesse et à l'avenir. Les jeunes se sentent plus concernés par l'Europe, sûrement par rapport aux études actuelles et l'ouverture à l'international de leur carrière. Cette crise peut ébranler la marque Europe, en rappelant qu'un maillon faible peut tout couler, mais aussi renforcer l'effet de solidarité et de proximité.»

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