Politique
Une députée propose des pistes pour lutter contre l'«âgisme», un «fléau» comparable au «sexisme et au racisme».

Des «seniors» plus visibles à la télévision, davantage présents dans l'emploi, mieux défendus contre les discriminations en matière de consommation: un rapport parlementaire propose des pistes pour lutter contre l'«âgisme», le rejet des plus âgés.

«En France, comme en Europe, les discriminations âgistes sont constatées et avérées», affirme dans ce rapport commandé par le Premier ministre la députée LREM Audrey Dufeu-Schubert, qui dénonce un «fléau» comparable au «sexisme et au racisme».

Pour ne «plus stigmatiser les personnes par leur âge» et «revoir les comportements et représentations péjoratives», l'élue formule au total 86 propositions.

Les services de l'Etat doivent lancer un «plan d'action» contre les discriminations liées à l'âge en matière de consommation, selon la députée, qui dit avoir reçu de nombreux témoignages, portant sur des refus de crédit à la consommation, d'un logement à louer ou d'une location de voiture. Des discriminations «particulièrement violentes pour les personnes concernées», selon elle.

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Elle préconise par ailleurs de «mettre fin aux barrières d'âge législatives ou réglementaires» qui empêchent les seniors de siéger au sein de certains conseils d'administration ou instances de concertation.

A l'inverse, il faudrait même, selon elle, des mécanismes de «discrimination positive» pour assurer la présence de personnes âgées dans des instances où sont prises des décisions «qui les concernent directement», comme les offices HLM ou les conseils d'administration des hôpitaux.

Il faut également agir pour accroître l'employabilité des plus de 55 ans dans les entreprises, où «l'adage populaire "place aux jeunes!" a la vie dure». Pour cela, Mme Dufeu-Schubert suggère de «réfléchir à la suppression de l'âge sur les CV», et d'améliorer la formation des seniors, notamment.

Pour renforcer les liens entre les personnes âgées et le reste de la société, la députée propose d'installer des bureaux de vote dans les maisons de retraite publiques, «au même titre que (dans) les écoles et les mairies»: «cela permettra d'ouvrir le regard sur les Ehpad qui souhaiteraient davantage s'inscrire dans la vie de la cité».

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Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui publie chaque année un baromètre pour évaluer la représentation de la «diversité» dans les médias, devrait élargir ses critères en examinant également la place des plus de 60 ans.

Les personnes âgées qui louent une chambre de leur domicile à un étudiant - pour un loyer modique, inférieur aux APL touchées par le jeune - devraient par ailleurs bénéficier, selon l'auteure du rapport, d'une exonération fiscale sur ce revenu locatif.

Cela faciliterait une cohabitation qui aiderait à lutter contre le «sentiment d'isolement social des aînés».

Pour l'association AD-PA, qui regroupe des directeurs de maisons de retraites et de services d'aide à domicile, ce «rapport de qualité» doit désormais être «suivi d'effets», notamment en ce qui concerne ses préconisations pour favoriser le maintien à domicile des seniors, et pour sortir des politiques centrées sur une approche sanitaire de la vieillesse.

Pour l'AD-PA, qui «porte le combat de la lutte contre l'âgisme depuis des années», «le retard français en matière d'aide aux personnes âgées est clairement l'un des symptômes de cette discrimination» dénoncée par le rapport.

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