Start-up
Ce matin, François Hollande est venu installer sa fondation «la France s'engage» dans Station F, l’incubateur géant, créé par Xavier Niel, dans l’ancienne Hall Freyssinet et qui accueillera, en vitesse de croisière, 1 000 start-up. L'inauguration officielle devrait avoir lieu fin juin. Visite guidée.

En s’installant dans la Station F, les entrepreneurs prendront, début juillet, le train vers le futur. Le bâtiment, qui occupe 34 000 mètres carrés du XIIIe arrondissement de Paris, près de la Bibliothèque François Mitterrand, se présente comme le plus grand campus dédié aux start-up du monde. Sans compter les espaces de partage ouverts au public et aux événements, la Station F pourra couver un millier de jeunes pousses de front, dans plusieurs poches incubatrices.

C’est que l’équipe dans la locomotive n’est pas si grande : 15 personnes, emmenées par Roxanne Varza, une ancienne du programme start-up de Microsoft. Pour gérer un si grand nombre d’entrepreneurs, des partenaires ont déjà installé leur propre espace. Facebook, et son « Startup Garage », « encourage[ra] les entreprises françaises innovantes guidées par les données à développer leurs activités. » Vente-Privée organisera pendant neuf mois dans son « Accelerator » des « workshops d’experts, sessions de pitch et jour d’accélération » pour les sociétés branchées retail et mode. HEC dispensera pour sa part un « programme à la carte, une communauté d’entraide et un laboratoire de connaissances » à des start-up de tous les domaines. À terme, d’autres partenaires auront, dans cette petite ville, pignon sur rue. Ils incuberont des sociétés dans tous les domaines : Ad Tech (publicité), Food Tech (restauration), Ed Tech (éducation), Fin Tech (finance)… chacun accaparant 40, 80 et jusqu’à 120 postes. Et infusant leur ADN. Le campus lui-même s’est réservé un espace, son « Founders Program », censé accompagner cent entreprises en phase d’amorçage, sans distinction de secteur, et pour une durée pouvant atteindre un an. Tous ces espaces sont réunis au milieu de la bâtisse, qui compte 3 000 postes. Le tout, séparé de part et d’autre par d’immenses verrières laissant circuler la lumière dans le sens de la longueur, sur quelque 310 mètres.

 

Aspect brut

Le verre est un des éléments clés des lieux, au même titre que l’acier et le béton armé précontraint. Celui-ci a d’ailleurs fait la réputation du bâtiment, édifié entre 1927 et 1929 par l’ingénieur Eugène Freyssinet. En raison de la finesse des voûtes en béton (entre 6 et 8 cm), la qualité technique et architecturale de la bâtisse sera largement saluée dans la presse spécialisée. Dans une première vie, le lieu abrite des opérations de transbordements train-camions, en liaison avec la gare d’Austerlitz. En 2006, le Service national de messagerie, filiale de la SNCF et exploitant du bâtiment, n’en trouve plus l’utilité. En 2012, la halle Freyssinet est inscrite au titre des monuments historiques dans son intégralité. En juin 2013, le patron de Free, Xavier Niel, s’offre le bâtiment pour 70 millions d’euros. Il confie le chantier de réaménagement à l’agence parisienne Wilmotte & Associés, dont le style épuré soulignera l’héritage brut et intemporel de l’endroit.

 « Il fallait le traiter avec tout le respect que l’on doit à un bâtiment classé », estime Jean-Michel Wilmotte. « Il possède des qualités architecturales fantastiques. L’idée était de créer une colonne vertébrale sur laquelle les entrepreneurs pourront s’appuyer pour développer leur projet » indique l’architecte. En somme, proposer un cadre simple et fonctionnel, et laisser les occupants le personnaliser. La difficulté de l’exercice est de réussir à faire cohabiter plusieurs milliers de personnes dans un grand hall, tout en conciliant deux besoins opposés : se concentrer et collaborer. Pour répondre à ce double défi, Jean-Michel Wilmotte a ouvert les espaces au maximum, mis de grandes tables, fait la part-belle aux parois transparentes en verre… mais en multipliant les espaces plus intimes. De chaque côté de la nef centrale, des containers en acier blanc laqué ont été dispatchés et font office de salles de réunion. Si le cabinet d’architecture retenu est très prestigieux, l’équipe de Station F a quand même tenu à « choyer » ses entrepreneurs, dit-elle, en leur confiant une partie du cahier des charges. « On leur a demandé ce qu’ils attendaient d’un incubateur, on leur a fait visiter des lieux, ils ont même choisi les meubles chez l’architecte », nous dit un membre du campus qui souhaite rester anonyme. Le tout restera en « mode start-up », itérant au gré des nouvelles demandes…



Lieu de transit

Si l’accès au cœur de l’incubateur se fait après sélection, au peigne fin – la demande est très forte ! –  les parties extrêmes sont plus ouvertes. La première, la zone « share », accueillera des événements, conférences, spectacles… Ce lieu est composé d’un auditorium de 370 places, d’un « fab lab », soit un atelier en self-service avec des imprimantes 3D, mais aussi un pop-up store ou un bureau de poste. Le lieu le plus ouvert, (zone « chill »), au fond, pourra accueillir le public, notamment au travers d’un restaurant ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Un espace de détente de tout de même 4 000 mètres carrés, vu comme une paroi poreuse entre le cœur et le monde extérieur. Un clin d’œil pas anodin : la présence de deux voitures de train. Mine de rien, Station F entend rester un lieu dédié au transit.

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