L'actu vue par
Jean-Luc Chetrit, directeur général de l'Union des marques, donne son point de vue sur les grandes actualités des dernières semaines.

Votre baromètre «Marques & marketeurs en temps de crise», qui montre que 56% des marketeurs envisagent de maintenir ou d’augmenter leurs prises de parole sur la période mai/septembre.

C’est une preuve d’optimisme, mais je veux tempérer le chiffre qu’on a mis en avant par un élément qui nous ramène à la réalité : 87% des entreprises doivent réaliser des économies. Ça indique que la reprise est réelle mais qu'elle est insuffisante pour l’instant par rapport à la baisse de la demande et aux enjeux auxquels sont confrontés les entreprises. Ce baromètre démontre donc à quel point ça reprend, mais que la reprise est un peu trop douce pour qu'elle alimente une vraie relance de l’économie. 

Renault, Airbus, Alstom… Les menaces de fermeture d’usines ou de faillites s’accumulent pour de grandes entreprises et leurs sous-traitants.

L'économie a été protégée par toutes les mesures prises par le gouvernement depuis le début du confinement, mais le moment vient où l'on va constater les chutes de chiffres d’affaires de certaines entreprises malheureusement, comme celles du secteur de la mobilité. L’inquiétude est extrêmement grande, mais je suis plutôt confiant dans le fait qu’on ne constatera pas de grandes faillites chez nous. C’est là où l'on peut se réjouir d’être en France plutôt dans d’autres pays.

NextRadioTV qui prépare un plan social post-Covid, en raison de la chute de ses recettes publicitaires.

C’est le paradoxe de la situation actuelle et il est bien illustré par la situation de NextRadioTV. Il y a des records d'audience... et des records de revenus publicitaires, mais à la baisse. Une telle chute fait que les modèles des médias basés sur des revenus publicitaires sont très secoués. Je ne suis pas très surpris de voir ce plan. Les médias qui vivent des revenus publicitaires sont en grand danger. Les chaînes n’investissent plus en production, réduisent leurs coûts de grilles et leurs investissements. C'est un effet domino qui part de l’investissement publicitaire et descend toute la chaîne de valeur des médias. Et ça, c’est très inquiétant. 

Facebook qui rachète Giphy, la plateforme de gifs, au profit d’Instagram. 

Facebook veut construire un écosystème complet vertical, sachant que 99% de ses revenus sont publicitaires. Tout ce qui peut permettre de contrôler ses revenus publicitaires sera sa priorité. Le gif est un outil utilisé dans ses différentes plateformes dont Instagram, donc ça paraît naturel et logique. Sa stratégie est assez proche finalement de celle de Google qui avait fait une intégration verticale avec DoubleClick. Mais en même temps c'est inquiétant, parce qu’il y a des inquiétudes sur la protection des données personnelles et sur la position dominante encore renforcée par Facebook dans l’univers du digital. 

La Commission européenne qui présentera avant la fin de l’année son «Digital services act»  visant à réguler les plateformes en ligne.

C’est une excellente nouvelle et on y est très favorable. On veut plus de transparence. Cette régulation a aussi pour but d’encourager à ce qu'il y ait plus de diversité et moins de positions dominantes des hébergeurs. Et puis, il y a le sujet de la protection des utilisateurs. Même si les plateformes ont fait des efforts pendant la crise, ces derniers sont encore insuffisants. La régulation que veut mettre en œuvre la Commission européenne va dans la bonne direction et va corriger certains de ces dysfonctionnements qui sont liés à un manque de régulation. Le RGPD a d'ailleurs servi d’exemple dans le monde : plutôt que d’aller vers des régulations pays par pays, encourageons ces régulations européennes!

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