Le billet

On ne va pas dire qu'on tombe de notre chaise. Qu'on ne sentait pas que ces lendemains qui se responsabilisent grave, qui déconsomment sévère, qui écologisent menu, ça sentait un peu les bonnes résolutions d'après gueule de bois. Banco : en Chine, dès la fin mai, du fait de la reprise, la pollution était plus forte encore qu'avant le confinement, tandis qu'à Pékin, on commence à reconfiner en masse devant une nouvelle vague de coronavirus… Les tensions sociales, sur fond de violences raciales, enflamment l'asphalte déconfinée. Et l'on sent déjà que sur l'avénement des nouvelles manières de travailler - moins abrutissantes, moins liées à un présentiel absurde de rond-de-cuir - ça commence à rétropédaler : le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire déclarait benoîtement le 15 juin que «le télétravail ne [devait] pas devenir la norme». Ah, tiens. «Le-monde-d'après», tellement ânonné qu'il ne fait plus qu'un seul et même mot, ne serait qu'une vaste blague ? «L'Histoire ne s'accélère pas, comme on le prétend, elle galope de plus en plus vite dans le déjà-vu le plus domestiqué, le déjà-pensé le plus somnambule», écrivait le romancier, philosophe et essayiste français Philippe Muray dans L'Empire du Bien, en 1991, déjà. Bienvenue dans le monde d'à peu près. Le monde d'à peu près pareil.

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