L'actu vue par...
Hubert Coudurier est directeur de l'information du groupe Télégramme, directeur de Tébéo TV et vice-président de Territoires TV. Pour Stratégies, il revient sur l'actualité de la semaine.

Frédérique Vidal qui demande une enquête sur l’islamo-gauchisme dans les universités.

C’est une femme courageuse. En politique, comme disait le cardinal de Retz, on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens. Dire tout et son contraire est un théorème de l’action macronienne. Un jour on pousse Darmanin, un autre jour on le désavoue. Tout le monde sait que certaines universités sont des foyers d’islamo-gauchisme. Il faut savoir affirmer des positions, quitte à être contesté. Comme le gouvernement ne se préoccupe que de son aile gauche, elle a été soutenue du bout des lèvres. Sommes-nous condamnés à ne reprendre des États-Unis que le politiquement correct ?



L’annonce du retrait de Martin Bouygues de la présidence exécutive de son groupe.

Je me méfie de ces départs qui n’en sont pas vraiment. Vincent Bolloré annonce son départ dans un an, Murdoch semble laisser la main à son fils Lachlan, mais on sait très bien que le père reste en surplomb et ne disparaît pas sur les questions stratégiques. Il faut bien que l’héritier ou le maire du palais se frotte aux difficultés. Il faudra aussi voir comment va se passer la vente de M6. TF1 sera-t-il candidat ? Plutôt que de faire des champions nationaux, on a intérêt à jouer la carte européenne.



La couverture du Parisien après la plainte pour viol déposée contre PPDA.

J’ai publié une biographie de PPDA, en 1996, où se posait déjà la question de savoir si on pouvait évoquer sa vie privée, son côté « womanizer ». Je l’avais fait un peu, en disant ce qui était susurré, cela avait provoqué à TF1 un certain agacement. J’ai été façonné par la presse américaine où l’on considère qu’un homme de premier plan a des comptes à rendre sur sa vie privée. On est en France au premier stade de cette évolution. Dès lors, toute parole, toute plainte est entendable et ne peut être contestée. On a vu avec Balance ton porc et l’affaire Brion que cela était un peu plus complexe…



Facebook qui a retiré tous les contenus médias de son fil d’actualité en Australie.

On n’a pas été en France les plus courageux avec les Gafa. Les éditeurs français ont préféré prendre ce qu’on leur donnait. Thierry Breton s’est emparé du dossier mais ce sont sans doute les autorités anti-trust aux États-Unis qui les mettront à genoux. En Australie, Murdoch a eu une position de résistance. Quand on connaît ses liens avec les élites politiques anglo-saxonnes, on imagine qu’il n’a pu qu’encourager une position d’affrontement revendiqué. Il a obtenu un accord avec Google. On ne peut pas dire qu’on ait été en France un exemple à suivre.



Daniel Kretinsky qui appelle dans Le Figaro à une régulation des plateformes.

C’est une vérité d’évidence. On ne peut imposer des obligations légales aux médias et laisser les plateformes faire ce qu’elles veulent et se dédouaner de tout. Elles n’ont rien fait quand Trump était au sommet de sa puissance et lui ont coupé le signal dès lors qu’il a été battu. C’est bon que les magnats de la presse qui ont des moyens s’impliquent dans ce débat. Daniel Kretinsky est un Européen, un résistant issu de cette République tchèque de la révolution de velours. Il peut apporter des solutions aux médias français.

 

La gestion de la pandémie de Covid-19 et de ses variants.

On a été en retard d’une guerre sur toutes les grandes étapes : les masques, le traçage, les vaccins… Il y a eu un défaut d’anticipation qui montre qu’il nous faut des outils de pensée stratégique. Malgré tout, la décision de ne pas reconfiner a montré que le politique reprenait la main, et c’était bienvenu. On avait l’impression, jusqu’alors, que le gouvernement avait peur du risque sanitaire et pénal. On a vu que les Allemands, qu’on montrait en exemple, souffraient aussi. Cela montre la difficulté de la gestion de crise.



BFM qui poursuit son développement en régions face à Territoires TV

Territoires TV a l’ambition de faire une plateforme numérique qui restitue la richesse et la diversité des informations régionales de la PQR et des chaînes locales qui lui sont attachées. Face à France 3, qui tient bien sa place dans le paysage, BFM montre avec le rachat d’Azur TV que son ambition est intacte. On s’est lancé le défi d’exister entre les deux en nous reconcentrant sur nos propres forces et en comptant sur la puissance de nos sites. La régie 366#TV est lancée. On va organiser des verticales de programmes, avec dès la fin mars l’émission politique Extra-locale. La presse régionale va se réinventer à travers la vidéo qui fait 10 à 15% de nos audiences. Les nationaux viennent sur nos territoires mais nous allons aussi sur le territoire des nationaux. On est en discussions avec le groupe Ebra et Nice Matin pour qu’ils nous rejoignent.

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