Le designer revient sur les grandes actualités de la semaine.
Le designer français Mathieu Lehanneur choisi pour dessiner les torches et les vasques olympiques et paralympiques des JO de Paris 2024.
Je suis très heureux que Mathieu Lehanneur ait été choisi. Je connais son travail et je trouve qu’il a toujours réussi à trouver une grande modernité et une force symbolique dans ce qu’il dessine. Les torches et vasques sont tellement des objets symboliques qu’il fallait un designer français capable de travailler en ce sens. Ces objets, qui seront visibles lors des relais de la flamme, n’expriment d’ailleurs pas seulement des valeurs olympiques. Ils font aussi écho à la dépense énergétique des ménages français, et donc il faut être capable de se projeter dans le futur et de donner du sens aux grands événements sportifs qui génèrent beaucoup de déchets. Comment réinventer des symboles à l’aune de la sobriété énergétique, comment réussir à porter un message responsable ? Le spectaculaire peut aussi se trouver dans les choses qui ne sont pas visibles, comme la baisse de l’impact carbone par exemple.
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La Ville de Paris sollicitée par un organisateur pour installer un salon qui proposera à la vente des objets de design entre le 2 et le 28 octobre 2023, sur le parvis de l’Hôtel de Ville.
L’initiative est à saluer. Nous pouvons rappeler que Paris accueille déjà « Les Puces du design », un salon de mobilier design, c’est formidable. Parfois, nous avons de jolies pièces du design sans le savoir. Et je trouve que cette idée du troc et de donner une seconde vie aux objets du design ne dénature pas le design pur. Au contraire. Chaque objet qui a été dessiné, pensé et donc designé, s’inscrit dans une forme de modernité.
Ikea qui lance son service de design d’intérieur, selon le média américain Business of Home.
Ikea a toujours eu la culture du design et la culture de l’architecture d’intérieur, grâce aux photographies publiées dans ses catalogues, notamment. C’est surtout une enseigne à l’avant-garde qui a profondément participé à une modernisation de la France au point de s’installer dans le quotidien des ménages. Ikea a réussi à standardiser le design sans tomber dans le kitsch ou dans le mauvais goût, et pour un designer comme moi, c’est forcément positif. Je pense notamment à leurs étagères très simplistes, à leurs tables d’appoint et chaises en plastique, qui sont vendus à plusieurs exemplaires. En France, nous pouvons aussi rappeler que l’enseigne Les 3 Suisses a déjà par le passé collaboré avec le designer Philippe Starck pour concevoir une gamme d’objets d’intérieurs.
Le Conseil constitutionnel qui valide l’essentiel de la réforme des retraites prévoyant notamment le report de l’âge légal de départ à 64 ans.
En ce qui me concerne, je suis privilégié dans le sens où je n’exerce pas vraiment un métier, je vis ma passion. Et puis, je fais un métier intellectuel et artistique qui n’est pas éprouvant pour ma santé physique ou mentale. Plus largement, sur la réforme des retraites, je trouve qu’un point n’a pas du tout été étudié. C’est celui de l’impact de l’intelligence artificielle sur de nombreux métiers intellectuels et artistiques, dont le mien. C’est un sujet qui mérite réellement des débats beaucoup plus profonds, car il y a de plus en plus d’inégalités de revenus dans le monde, et l’IA, comme la robotisation, ne sont pas des ressources qui sont équitablement partagées. Pour moi, la problématique de la retraite va donc devenir de plus en plus un sujet de société fort. Et je regrette sincèrement que les dernières discussions en France n’aient pas porté sur des sujets à plus long terme.
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Amazon qui lance sa plateforme Bedrock, qui combine les fonctionnalités de ChatGPT à celles de Dall-E, ou de Midjourney.
Nous utilisons l’intelligence artificielle depuis déjà de nombreuses années. Nous pouvons par exemple citer les chabots, qui sont présents sur de nombreaux sites internet. Mais nous ne nous en rendions pas compte. L’IA est donc un nouveau marché, un nouvel eldorado. C’est fascinant par rapport à mon métier, car un designer se doit d’avoir une culture générale, une liberté créative et surtout des idées. Très souvent, pour chercher des idées, nous puisons dans notre mémoire. Et pour ceux qui n’ont pas cette capacité d’esprit, eh bien l’intelligence artificielle peut les aider à déclencher des idées. Les progrès technologiques ont des répercussions à la fois négatives et positives. Nous créons autant de problèmes que nous en résolvons. Alors bien sûr, j’ai une inquiétude sur le fait qu’il n’y ait aucun métier d’expert qui n’échappera à l’IA... (avocat, chirurgien, architecte, designer, écrivain, journaliste par exemple). Mais je suis persuadé que nous sommes capables de nous adapter à ces outils, comme nous l’avons toujours fait.
ChatGPT qui fait l’objet d’une « procédure de contrôle » de la Cnil, à la suite de cinq plaintes déposées en France.
L’intelligence artificielle a ses limites. Les logiciels n’ont jamais promis d’avoir des réponses correctes, et donc, de produire la vérité. Avec l’arrivée de ces nouveaux outils, nous serons évidemment confrontés, de plus en plus, au vrai et au faux. Nous l’avons d’ailleurs vu avec les générateurs d’images. Il est important de prendre du temps et de se dire que ces technologies viennent tout juste de naître et vont certainement évoluer. L’humain, lui, doit apprendre à les utiliser. Cela permettra peut-être à certains d’entre nous de développer un esprit critique. Par ailleurs, précisons que les images générées par l’IA ont leurs limites : elles sont toujours de l’ordre du déjà-vu. Le résultat est toujours étonnant, mais reste convenu, voire banal. Je ne suis jamais surpris, comme je peux l’être devant une œuvre d’art. La technologie vient en réalité puiser dans ce qui existe déjà. L’artiste lui, par son son travail de recherche, sera capable de faire le tri et de s’autocensurer face à la banalité.
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