La cofondatrice de Fleet, collectif international d’expert(e)s du Web3, revient sur les grandes actualités de la semaine.

TikTok menacé d’interdiction aux États-Unis.

Dans le Web3, nous sommes pour la valeur partagée, et là c'est tout ce qu’on déteste : des entreprises qui pompent nos données et nos cerveaux, et un spectateur qui n'en bénéficie pas. TikTok a changé beaucoup de choses dans nos façons de consommer les médias, avec le micro-learning ou son tsunami de contenus. À mon sens, si la plateforme était américaine, elle ne serait pas menacée d’interdiction. Je vois cela plutôt comme une mesure protectionniste, que « pour protéger l’humanité ». Ce qu’il faudrait en revanche, c’est mieux encadrer l’usage des données. C’est comme les cookies, on les accepte chaque jour, sans que cela ne change nos usages. La notion d’interdiction fait peur, c’est quelque chose qu’on redoute dans la tech, car ça nous met en retard par rapport à d’autres pays.

Chat GPT, une menace pour la survie de l’humanité ?

On parle pas mal de Edge AI, une intelligence 20 millions de fois plus forte que Chat GPT. Les gens considèrent que ChatGPT est une menace pour le travail, car cela touche les cols blancs, les professions intellectuelles, or cela n'inquiétait pas quand on parlait de remplacer un menuisier par un robot par exemple. Selon l’étude américaine Resume Builder, publiée en mars dernier, il a été observé que 48% des entreprises qui utilisent ChatGPT procèdent à des licenciements, et celles-ci réfléchissent à qui elles doivent employer, reskiller, etc. Pourtant, c’est encore trop tôt pour dire que tout le monde va se retrouver à la rue, puisqu’un bon nombre de personnes ne savent pas encore utiliser ces logiciels. En France, l’illectronisme touche 16 millions de personnes [rapport 2022 de l’Agence nationale de la cohésion des territoires], il y en a encore un grand nombre qui ne comprennent pas le Web3. J’ai espoir que le care retrouvera ses lettres de noblesse. Et que ce genre de programme sera utilisé comme un outil, comme Noota.io, qui permet d’analyser les performances d’une visioconférence.

L’adoption par les députés de la loi visant à lutter contre les abus des influenceurs sur les réseaux sociaux.

C’est indispensable de légiférer l’influence, il y a beaucoup de zones d’ombre. On pense que l’influenceur est notre ami qui veut simplement nous vendre des produits, alors qu’il est une société. C’est donc normal qu’il soit tenu aux mêmes règles que les entreprises.

Elon Musk qui refuse de souscrire pour Twitter au code de bonne conduite de l’UE contre la désinformation.

Avec l’imminence des deep fake, des “content tsunamis” et des armées de bots, je ne sais pas si ça va être possible d’identifier correctement les fake news. Je pourrais dire que je suis scandalisée, et en même temps, je me dis qu'il est peut-être pragmatique en se disant qu'on ne peut pas tout contrôler, ou que sinon, ça va coûter trop cher.

Le nouveau casque de réalité virtuelle que sort Meta un an après son engagement dans le métavers.

Meta comme Apple [qui a présenté son casque VR le 5 juin] sont des plateformes du Web2 qui veulent être dans des usages décentralisés mais sont encore assez peu dans le partage de valeur, et veulent taxer tous les produits digitaux qui sont créés sur leur plateforme. Je ne sais pas comment ces entreprises vont s'acaparer ces casques, je me demande si elles sont dépassées et qu’elles essayent quand même d’être sur ce marché, mais peut-être que les gens ne voudront plus de ce business model, ou en tout cas de cette hégémonie. Pour les aficionados du Web3, ce casque est une bonne chose puisque ça va permettre de vulgariser davantage, et pourquoi pas ouvrir la voie à des acteurs plus transparents, et moins dans la publicité hyper personnalisée. Quant à l’usage des lunettes, ça ne sera pas pour tout de suite, les usages secondaires vont émerger, mais ça sera surtout la génération alpha qui sera concernée.