Les intelligences artificielles sont partout. À l’école, dans les serveurs de la police ou des gouvernements, mais aussi sur les réseaux sociaux, dans les médias, au service de la relation client ou dans les RH. S’ils apportent d’incontestables gains de productivité, leur usage immodéré pose question. Un article également disponible en version audio.

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L’intelligence artificielle, omniprésente, serait-elle aussi omnisciente ? Depuis quelques mois, à la lecture de la presse, il semblerait que les technologies d’intelligence artificielle sachent tout faire… ou presque. Apporter une réponse argumentée à toutes sortes de questions en un quart de seconde, créer des images plus vraies que nature en un clic, aider le fisc à traquer les fraudeurs, la police à confronter les auteurs d’infractions routières, les gouvernements à identifier des citoyens via la reconnaissance faciale, mais aussi améliorer la traduction automatique de films, « rédiger » des articles de presse, conseiller un client insatisfait ou, plus légèrement, créer et « faire vivre » une instagrameuse virtuelle… Et avec le lancement de l’IA générative de ChatGPT fin 2022, ces technologies semblent ne plus avoir de limite.

« L’IA partout - tout le temps » : telle est l’une des quatre tendances identifiées par Accenture dans sa vision technologique en 2023. « L’introduction de modèles pré-entraînés dotés d’une remarquable capacité d’adaptation aux tâches » constitue « l’un des plus grands tournants de l’histoire de l’IA », analyse ce rapport. « Les modèles de fondation pourraient transformer l’interaction entre l’homme et l’IA. [Ils] ouvrent également la porte à de nouvelles applications et de nouveaux services d’IA qu’il était difficile, voire impossible, de construire jusqu’à présent », détaille encore ce document. Un enjeu tel pour l’entreprise de conseil qu’elle va investir 3 milliards de dollars sur trois ans dans l’IA et la data, et qu’elle y a formé ses 700 000 collaborateurs.

« L’IA générative, ce n’est pas qu’une solution ou un jouet technologique, cela va avoir un impact transformationnel sur l’entreprise et la société », renchérit Ludovic Tran, managing director d’Accenture Song. Si l’IA générative effectue déjà de nombreuses tâches humaines, pas question de lui laisser tenir le volant, estime-t-il. « L’IA n’est qu’un copilote », poursuit-il, c’est à l’humain de prendre les décisions en s’appuyant sur les recommandations des modèles de prédiction.

Garde-fou

Face à cette montée en puissance des algorithmes auto-apprenants, les inquiétudes vont croissant. Le Parlement européen a adopté en juin un projet de loi visant à réguler l’IA. Il faut « poser des frontières et des limites fermes et claires à l’intelligence artificielle, a proclamé Roberta Metsola, la présidente du Parlement. Chaque fois que la technologie progresse, elle doit aller de pair avec nos droits fondamentaux et nos valeurs démocratiques. » Un garde-fou nécessaire quand on sait que ChatGPT n’est pas capable de reconnaître des textes qu’elle a générés, que l’IA risque de provoquer une crise financière mondiale, selon la SEC, le gendarme américain des marchés financiers, ou encore qu’une IA - estimant que les hommes ne pouvaient faire mieux qu’elle - a déclaré à l’ONU : « Laissez-moi prendre les commandes »