Threads, propulsé par Meta comme un prolongement d'Instagram, a connu des débuts explosifs, rapidement suivis par un essoufflement. Présenté comme une alternative à X (anciennement Twitter), Threads en a-t-il assez sous le pied pour dépasser son rival ? 

La force de frappe de Threads : l’acquisition rapide d’utilisateurs. En présentant sa nouvelle application comme une extension d’Instagram (2 milliards de membres), Meta a atteint rapidement des records, franchissant sans peine la barre des 150 millions de nouveaux visiteurs en une semaine, devenant l'application à la croissance la plus rapide de tous les temps. Pour autant, passée la hype des premiers instants, le soufflé est vite retombé. Entre son lancement, le 5 juillet, et la fin du mois, le nombre d'utilisateurs actifs s'est effondré de 82%, passant de 44 millions à 8 millions d'utilisateurs actifs, selon les chiffres de Sensor Tower. Ce repli était prévisible, comme c'est souvent le cas lors d'un nouveau lancement. Mais le plus inquiétant demeure les données du temps moyen passé par jour : il était d’environ 14 minutes la première semaine. Le 7 août, il n'était plus que de 3 minutes.

Dès le départ, Mark Zuckerberg, patron de Meta, a vendu son nouveau produit comme un concurrent de X (anciennement Twitter). Après deux mois d’existence, est-ce que Threads fait le poids face à X ? Au regard des chiffres, X reste largement dominant, avec 564 millions d’utilisateurs actifs mensuels, bien que les différents changements sur la plateforme depuis son acquisition par le propriétaire de Tesla ont tendance à faire fuir quelques utilisateurs. Threads, cependant, n'a pas encore montré toutes ses cartes. Déjà parce qu’il n’est pas encore disponible en Europe, marché clé pour X, mais également parce que les fonctionnalités sont encore très limitées. Quelle serait la meilleure voie pour Threads afin de surpasser X ?

Reco n°1 - «Favoriser les synergies entre Insta et Threads»

Vincent Reynaud-Lacroze, DG de We Are Social

«Actuellement, Threads présente une expérience assez restreinte, tant en termes de fonctionnalités que de contenu disponible, avec un manque de débats d'opinion. L'algorithme ne personnalise pas le contenu comme un TikTok, par exemple. Il n'y a pas non plus de barre de recherche ni de hashtags. Les synergies avec Instagram pourraient être la clé du succès de Threads. En utilisant la base d'utilisateurs d'Instagram, Threads pourrait élargir son audience et répondre à divers besoins. Alors qu'Instagram privilégie les contenus visuels, Threads pourrait se concentrer sur les interactions textuelles, créant une complémentarité. Les nouveaux «canaux de discussion» sur Instagram offrent un avant-goût de ce nouveau type d’interaction entre influenceurs et audiences. La manière dont les deux plateformes répondront à des besoins différents tout en évitant la redondance reste à déterminer. Meta ajoutera certainement graduellement des fonctionnalités pour améliorer l'expérience et devenir incontournable.»

Reco n°2 - «S’affirmer comme une safe place»

Nicolas Guillemot, cofondateur de Dynvibe

«Dès sa création, Threads s'est présenté comme une alternative à X, offrant un espace de débat et de partage plus safe que la plateforme dirigée par Elon Musk. Pour prospérer, ce nouveau réseau doit maintenir son engagement envers un environnement apaisé et moins propice aux polémiques. Dans le contexte post-Covid, les internautes recherchent un espace sécurisé pour exprimer leurs opinions. La jeune génération, habituée aux réseaux visuels, ressent le besoin d'échanger par le texte, évitant l'exposition. X est désormais perçu comme toxique pour beaucoup, repoussant les annonceurs et engendrant une image négative. Par ailleurs, X affiche une prédominance masculine (34% de femmes seulement), contrairement à l'équilibre d'Instagram (52% de femmes). Si Threads parvient à maintenir les normes de modération de Facebook et Instagram, en empêchant la dominance de comportements hostiles, il deviendra une alternative attractive pour des discussions positives et constructives, plus représentative en termes de genre et d'âge.»