Harcèlement des fans, pression pour produire toujours plus... Nombre de créateurs de contenus sont au bord du burn-out. Un phénomène qui ne touche pas seulement les youtubeurs stars.

Problème avec la communauté, escalade des formats ou encore surmenage. À l’image des pauses décidées par Mastu suite au harcèlement par ses fans, par McFly et Carlito suite à un burn-out ou dernièrement par le duo Vilebrequin, qui a décidé de complètement arrêter sa chaîne YouTube malgré ses 2 millions d’abonnés, les différentes plateformes qui hébergent les créateurs de contenus font face à un grand ras-le-bol.

Au cours de l’année qui vient de se terminer, différentes personnalités ont pris la parole pour briser le tabou autour de ce mal-être et des côtés néfastes que peut impliquer le métier. Le premier youtubeur de France, Squeezie, expliquait début 2023 la fatigue qu’implique la réalisation de ses formats longs et Léna Situations révélait au cours de l’été avoir subi une hospitalisation suite à un ulcère déclenché par la pression qu’impose son activité.

Un phénomène également constaté par Gregg Bywalski, directeur général de Webedia Creators, qui tente d’accompagner au mieux les créateurs. « On entend parler de cette pression depuis une bonne année et c’est un sujet qu’on a bien identifié », explique-t-il. Il rapporte les différentes raisons décelées à ce mal-être. « Elles portent autour de la pression autour des nouveaux formats - beaucoup évoquée au cours de l’année - mais pas seulement. Les créateurs de contenus ont des agendas considérables », ajoute le patron de Webedia Creators. Selon lui, les créateurs sont souvent mobilisés la journée mais aussi le soir, que ce soit pour réaliser leurs contenus, participer à des événements, apparaître dans les vidéos d’autres créateurs ou encore passer du temps avec leur communauté.

Un mal-être à tous les niveaux

Cet agacement ne se manifeste pas seulement par une notoriété mal vécue et touche aussi les vidéastes amateurs, comme l’explique Jean-Baptiste Gallié, enseignant-chercheur à l’ESC Clermont Business School : « On constate que ce phénomène dépasse largement les frontières de YouTube. Sur d’autres plateformes telles qu’Instagram ou TikTok, les créateurs partagent aussi leur frustration liée aux exigences des algorithmes et aux attentes de leur audience. » Le chercheur avertit que les raisons pour lesquelles ces créateurs amateurs arrêtent leur activité sont très diverses et ne sont pas toujours publiées ou discutées publiquement. « Ils ont finalement beaucoup plus de raisons d’arrêter, même si, de l’extérieur, on a une impression de facilité, de légèreté et de plaisir », insiste-t-il encore.

Kafia Ayadi, professeure assistante en marketing et en comportement des consommateurs à l'école de commerce Neoma, il existe trois principaux motifs qui poussent les créateurs à bout. D'abord un facteur financier, car malgré l’implication, le travail du créateur de contenus qui ne rémunère pas assez suffit parfois pour mettre fin à l’activité. « La deuxième raison est sociologique : si cette activité implique une grande communauté, en réalité la charge de travail amène à une sorte d’isolement qui peu empiéter sur la vie personnelle et mener à un surmenage », énumère-t-elle. La troisième cause citée est d’ordre psychologique : « on voit apparaître le syndrome de l’imposteur, où le créateur de contenu ne se sent pas légitime à aborder certains sujets. »

Pour une année 2024 plus apaisée, l'enseignante invite les créateurs de contenus à déléguer davantage leur production de contenus, que ce soit pour les montages ou la réalisation des miniatures. Kafia Ayadi préconise aussi un travail sur soi solide, du développement personnel et la nécessité de consacrer du temps personnel à soi-même.