Pas sécurisée, désertée par les utilisateurs, inutile… C’est peu dire que Snapchat a mauvaise réputation. Tour d’horizons des principaux clichés qui collent à la peau de l’application au petit fantôme.

Snapchat, un nom qui évoque souvent des réactions dubitatives : « Mais ça existe encore ? Il y a très peu d’utilisateurs. Il n’y a que des jeunes. C’est une application dangereuse et pas sécurisée. On ne peut pas faire de belles campagnes ni vendre sur cette appli… » Les clichés qui entourent ce réseau social ont la peau dure. Et il y aurait une différence de perception entre ce que vivent les utilisateurs au sein de l’application, ainsi que les marques qui investissent pour leur publicité, et l’image que peuvent avoir les personnes extérieures à la plateforme. Alors comment démêler le vrai du faux ? Décryptage.

1 - Snapchat, c’est compliqué

Snapchat n’est pas un réseau social comme les autres. Sa spécificité est le fait qu’elle s’ouvre sur le mode caméra. « Sur Snapchat, il n’y a pas ces marqueurs de “vanité” qu’on a l’habitude de voir sur d’autres plateformes, suggère Aïssatou Diallo, head of retail à Snap. Une succession de publications ou de notifications, le nombre de likes, de partages, de commentaires, etc. Des chiffres qui vont attester d’un bon ou d’un mauvais contenu. Quand on arrive sur Snapchat, on est face à soi-même. Et en effet cela peut être perturbant pour des personnes qui n’ont pas cette habitude. » D’ailleurs, Snapchat peut être considéré davantage comme une messagerie plutôt qu’un réseau social, avec l’intimité que cela suppose. Ce qui a renforcé son aspect privé et personnel, et donc son image confidentielle et la méconnaissance des personnes extérieures. « Depuis le début, Snapchat a été construit comme un antidote aux réseaux sociaux. Plutôt que d’en faire un concours de popularité, son approche est plutôt de permettre aux utilisateurs de s’exprimer de manière libre et sans complexe », revendique Aïssatou Diallo.

2 - Snapchat est vide

Deuxième idée reçue : l’application Snapchat aurait été délaissée au profit d’applications plus à la mode comme TikTok par exemple, et serait désertée. En réalité, au regard des chiffres de fréquentation, l’application se porte même très bien. Au niveau monde, Snapchat a connu 18 trimestres consécutifs de croissance en termes d’utilisateurs quotidiens. C’est 414 millions de personnes qui se connectent tous les jours, 800 millions d’utilisateurs mensuels. En France, c’est 27,8 millions d’utilisateurs mensuels, et 20,7 millions de personnes qui se connectent tous les jours, selon Médiamétrie, avec une durée moyenne de 49 minutes par session. Ces chiffres témoignent d’un marché très dynamique.

3 - Il n’y a que des jeunes sur Snapchat

L’application est ouverte aux jeunes dès l’âge de 13 ans, pas avant. Selon les chiffres Médiamétrie, la moyenne d’âge est de 35 ans. « Le cœur de cible de Snapchat, ce sont les 15-49 ans, évoque Aïssatou Diallo. Nous arrivons à séduire les plus jeunes tout en parvenant à les garder. On a donc des jeunes actifs, des parents… Et en effet, on décroche à partir des plus de 50 ans (seulement 22 % là où sur internet en général, on est plus à 41 %). On est peut-être plus jeune que la moyenne mais nous n’avons pas que des jeunes. »

4 - Snapchat n’est pas intéressante en termes de visibilité

Il est vrai que les contenus Snap ne sont pas viraux, ils ne sont pas « partageables ». Pour autant, depuis plusieurs années, Snapchat a réussi à développer un certain nombre de contenus publics. Cela a commencé avec la presse - de grands titres français diffusent toujours leurs petites émissions au quotidien sur la plateforme, Le Monde, Le Parisien, Paris Match, etc. Ce contenu public est maîtrisé puisqu’il émane d’acteurs de la presse. Puis, de plus en plus, l’appli a accueilli des créateurs, des personnalités qui cherchaient une audience plus large. Pour modérer le contenu, l’application utilise à la fois des outils automatisés et une équipe de modérateurs humains, assurant ainsi une expérience sûre et positive pour tous les utilisateurs. Ajoutons que depuis 2022, Snapchat a étendu son accessibilité en permettant aux utilisateurs de se connecter et d’utiliser la plateforme directement depuis un ordinateur, et non plus exclusivement via l’application mobile.

5 - On ne peut pas vendre sur Snapchat

« Pour l’instant, en effet, nous n’avons pas de transaction qui se termine sur Snapchat, reconnaît Aïssatou Diallo. En revanche, notre ambition est d’apporter un trafic qualifié vers les sites web et les applications des marques partenaires, voire vers leurs magasins physiques. » Ainsi, Snapchat compte des annonceurs tels que Carrefour, E.Leclerc ou encore Kiabi parmi ses clients. La plateforme s’est d’ailleurs réinventée en 2023 en termes de solutions publicitaires pour les e-commerçants. L’Ads Manager de Snapchat fournit aux entreprises les outils nécessaires pour créer, gérer et optimiser leurs campagnes publicitaires, tout en leur offrant des analyses détaillées pour améliorer leurs performances au fil du temps. Outre les filtres et les Lenses sponsorisés, qui permettent une interaction ludique avec les utilisateurs, la plateforme propose des publicités vidéo plein écran ciblées et personnalisables. « Nous avons également lancé récemment le “collab studio”, une gamme d’outils facilitant la collaboration des annonceurs avec la communauté des créateurs influents sur Snapchat, l’influence marketing étant l’un de nos plus gros axes de développement », assure la responsable retail.

Shopping en réalité augmentée

La réalité augmentée (AR), c’est la spécificité de Snapchat. Cette technologie offre une expérience immersive et interactive aux consommateurs. Selon Ipsos (2022), 7 consommateurs sur 10 affirment que l’AR améliore significativement leur expérience d’achat, la rendant plus facile et plus rapide. Une étude réalisée avec Publicis révèle que l’AR aide les acheteurs à prendre des décisions plus précises et à réduire les retours d’articles, avec 80 % des acheteurs affirmant avoir davantage confiance dans leurs achats après avoir intégré l'AR dans leur parcours, et 66 % moins susceptibles de renvoyer leurs achats. De plus, selon une enquête récente, 92 % de la génération Z exprime un intérêt pour l’utilisation de l’AR dans le shopping.

La marque Afflelou a été une des premières marques d’optique à proposer des essayages virtuels sur Snapchat, suivis de Lenses AR en mai et juillet pour stimuler l’engagement et la fréquentation en magasin. Combinées à des campagnes drive-to-store via « Promote Places », ces initiatives ont attiré plus de 3,8 millions d’utilisateurs en un mois, partagées 5,5 fois plus que la moyenne, avec une mémorisation publicitaire +7 points supérieure.