INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

À l’occasion du salon VivaTech, plus grand événement européen dédié aux nouvelles technologies qui se déroule cette semaine à Paris, coup de projecteur sur trois personnalités qui se démarquent dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) en Europe.

Du 22 au 25 mai à Paris se déroule VivaTech, le plus grand événement européen dédié aux nouvelles technologies. Une occasion de découvrir les nouveaux visages de l’IA en Europe.

Arthur Mensch de Mistral AI

Regard franc et cheveux en bataille, Arthur Mensch, 31 ans, est apparu comme une comète dans le paysage de l’intelligence artificielle. La société de ce Français féru de mathématiques, Mistral AI, a présenté des modèles d’IA générative (qui peuvent produire des contenus textuels sur simple requête en langage courant) capables de rivaliser avec ceux des mastodontes américains Meta, Google ou encore OpenAI, créateur de ChatGPT.

Polytechnicien et normalien, passé par le laboratoire d’IA de Google, DeepMind, Arthur Mensch a fait le pari de modèles en source ouverte, à l’opposé d’OpenAI ou encore de l’américain Anthropic, accusés d’être des boîtes noires. « Partager cette technologie et permettre au maximum d’acteurs de s’en saisir », a-t-il résumé mercredi sur la scène de VivaTech. Ce parti pris et le fait que ses modèles soient plus simples et moins coûteux expliquent sa rapide popularité.

Co-fondée il y a à peine un an avec deux autres compatriotes, la pépite française est ainsi parvenue à lever en décembre dernier 385 millions d’euros, ce qui l’a propulsée en championne européenne de l’IA, valorisée à quelque 2 milliards de dollars. « C’est ça, le génie français », avait salué le président Emmanuel Macron. Mistral AI serait par ailleurs en train de finaliser un nouveau tour de table de 600 millions de dollars, qui valoriserait cette fois-ci l’entreprise à 6 milliards, d’après le Wall Street Journal. Interrogée à ce sujet, l’entreprise a refusé de commenter.

Thomas Wolf de Hugging Face

C’est un « appel du coeur » qui a conduit Thomas Wolf, 39 ans, vers le domaine de l’intelligence artificielle après des années de recherche en physique quantique. Ce Breton de 39 ans a fondé en 2016 aux États-Unis, Hugging Face, plateforme collaborative de modèles d’intelligence artificielle avec deux autres Français, Julien Chaumond, rencontré à Polytechnique, et Clément Delangue.

« En physique, ce qui me frustrait, c’était qu’il fallait trois ans pour faire une expérience, alors qu’avec l’IA, en quelques semaines, on fait des choses incroyables », explique à l’AFP, M. Wolf, visage affable et allure décontractée. À travers sa société, où environ un million de modèles sont accessibles, Thomas Wolf se fait lui aussi le chantre d’une vision de l’intelligence artificielle en source ouverte. Concrètement, les utilisateurs (plus de 11 millions dans le monde selon l’entreprise) peuvent se saisir des modèles proposés sur Hugging Face, les adapter à leurs besoins, puis repartager leur version avec la communauté.

La décentralisation de l’intelligence artificielle « est beaucoup plus intéressante pour la société et pour l’humanité de manière générale », assène Thomas Wolf. Cela « permet de niveler l’accès à l’IA » pour qu’elle soit accessible aux entreprises mais aussi aux personnalités politiques, aux ONG, aux associations et aux chercheurs académiques, complète-t-il. Après une levée de fonds de 235 millions de dollars en août dernier, la start-up franco-américaine est valorisée à près de 4,5 milliards de dollars.

Jonas Andrulis d’Aleph Alpha

Bouc et crâne rasé, Jonas Andrulis, patron de la start-up allemande Aleph Alpha, évoque régulièrement le fait que l’intelligence artificielle puisse conférer « des superpouvoirs » aux humains. L’ingénieur de 41 ans, passé par Apple, a fondé Aleph Alpha en 2019 dans la ville d’Heidelberg en Allemagne.

La société, qui développe des modèles de langage pour les entreprises et les gouvernements, est parvenue à lever 500 millions de dollars l’année dernière. Un des tours de table les plus importants pour une entreprise européenne de la tech. « Quand j’ai lancé cette entreprise, les gens m’ont dit que tout ce que j’essayais de faire était impossible », a raconté Jonas Andrulis à VivaTech.

En Europe, « cet écosystème se développe même si nous sommes une ou deux générations derrière les États-Unis en termes de connaissance », a-t-il pointé, tout en notant que « nous ne pouvons pas nous permettre d’être lents » dans cette course mondiale.