Réseaux sociaux

La « creator economy » a le vent en poupe et des acteurs comme MYM deviennent très populaires chez les jeunes… Mais également chez les amateurs de contenus pornographiques. Faut-il craindre des dérives ?

MYM, c’est quoi ?

Lancé en 2019, trois ans après l’américain OnlyFans, MYM (Me You More) a basé son concept sur un principe simple : faire payer le contenu des influenceurs à leurs fans. C’est un réseau social français, créé par des Français, qui a dès le départ fait le pari du tout payant. Zéro publicité, donc, et un modèle économique qui fonctionne comme un fan club en permettant aux utilisateurs de trouver du contenu exclusif et d’entretenir une relation privilégiée avec leur idole. « À la différence de services comme Patreon, qui offre également la possibilité aux créateurs de monétiser leurs contenus, MYM fonctionne vraiment comme un réseau social traditionnel avec les mêmes codes : fil d’actualité à scroller, publications qui mêlent photos, vidéos, texte, possibilité de commenter, de liker, etc. », détaille Pierre Garonnaire, CEO et cofondateur de MYM. Le prix d’un abonnement varie entre 9,99 euros et 44,99 euros par mois pour obtenir une version « défloutée » de la personnalité. MYM empoche une commission de 25% sur les abonnements et 20% sur les médias privés et exclusifs. Aujourd’hui, MYM est membre du French Tech 120 (label du gouvernement français consacré aux start-up en phase d’hyper-croissance qui pourraient avoir un développement à l’échelle globale). La société, qui compte 8 millions d’utilisateurs, a versé plus de 40 millions d’euros à ses 350 000 créateurs de contenus en 2021.

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Les dérives

À entendre le patron décrire sa société, difficile de comprendre la mauvaise réputation qui colle à la peau de MYM. Pourtant, dans le milieu de la communication, rares sont les personnes qui ont accepté de répondre à nos questions. « Les marques n’ont pas leur place sur ce réseau, en tout cas, aucun client de nous a fait une demande pour une opération d’influence marketing sur MYM, rapporte Stéphane Bouillet, PDG de l’agence Influence4You. Si nous devions y aller, nous serions très vigilants. » Pourquoi une telle méfiance ? Tout simplement parce que MYM, au même titre qu’OnlyFans ou Fansly, est massivement utilisé par certains créateurs pour promouvoir leur corps et parfois même des contenus pornographiques. « On a vu, notamment durant le confinement, les acteurs professionnels du X investir la plateforme. Mais également, par la suite, des particuliers ayant trouvé le moyen de reprendre le contrôle sur leur corps et leurs contenus », expose Jean-Baptiste Bourgeois, strategy director chez We Are Social. En effet, sur MYM, il est possible de trouver le contenu « alternatif » d’instagrammeuses comme Emma CakeCup ou Nathalie Andreani. Un moyen pour ces influenceuses de monétiser leurs photos de charme, ce qui est impossible (ou en tout cas peu sécurisé) sur Instagram. Mais aussi pour des adolescents, avec les risques que cela suppose en termes de sécurité. A préciser qu'il n'y a en revanche aucun.e mineur.e sur MYM, selon les règles de la plateforme.

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Les responsabilités

MYM n’assume pas du tout la tournure que prend la plateforme et préfère revendiquer des partenariats avec des personnalités comme l’ancien footballeur Djibril Cissé, contrairement à OnlyFans ou Fansly qui mettent en avant le côté sexy dès leur page d’accueil. « Ce n’est simplement pas la direction que nous souhaitons prendre, martèle Pierre Garonnaire. Le contenu de charme n’est pas majoritaire, contrairement aux idées reçues. La plateforme est avant tout pensée pour accompagner les artistes, les sportifs, les créateurs qui souhaitent monétiser une audience et un contenu aujourd’hui gratuit sur tous les réseaux. » MYM vise donc à développer des formats inspirés de la télévision, de la radio, de fonctionnalités comme les vidéos en direct ou les rooms de discussion audio de Clubhouse.

Pour lutter contre les dérives d’usages, le patron assure que la sécurité est au cœur des enjeux de la plateforme et que de nombreuses dispositions ont été prises. À commencer par la mise en place d’un comité d’éthique, constitué de six membres choisis pour leurs expertises techniques dans des thématiques se rapportant directement aux enjeux et aux problématiques tels que la cybersécurité, l’économie des plateformes, les droits des femmes, le droit du numérique et l’entrepreneuriat. Mais la plateforme montre patte blanche également avec différentes innovations de protection des utilisateurs : vérification de la pièce d’identité, âge, coordonnées bancaires, adresse postale, numéro de téléphone ainsi que la reconnaissance faciale pour s’assurer qu’il s’agit de la bonne personne. « Notre objectif est la désanonymisation totale de MYM, explique son fondateur. 100% des créateurs visibles sont certifiés et les fans sont de plus en plus incités à passer le processus de certification. »

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Les opportunités

En faisant abstraction des contenus d’ordre sexuel, il est indéniable que le concept que propose ce réseau social regorge de potentialités. On peut imaginer un artiste proposant des concerts privés à ses abonnés, un coach ses conférences, un sportif sa routine d’entraînement, un écrivain des lectures privées, etc. « MYM redonne le pouvoir et le contrôle aux créateurs de contenus beaucoup plus concrètement que sur les autres réseaux, se targue Pierre Garonnaire. Notre ambition est vraiment de se détacher de cette image de site érotique pour mettre en avant toutes les verticales possibles sur la plateforme et les opportunités infinies de mettre en valeur son travail en ligne. » La « creator economy », et le soutien aux créateurs de contenus sur les réseaux sociaux, est une tendance lourde actuellement. « D’ailleurs, le positionnement de MYM fait des envieux, confirme Jean-Baptiste Bourgeois. On observe un mouvement général chez tous les géants de la tech de lancement de fonctionnalités pour permettre aux créateurs de monétiser leurs contenus. » On pense à Twitter Blue, la version payante par abonnement de Twitter, ou aux récents tests d’abonnements payants déployés par Instagram.

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