Web3

La société de Mark Zuckerberg a lancé une vaste campagne européenne pour « susciter des conversations ». Convaincante sur la forme, moins sur le fond.

Alors qu’elle vient de lancer officiellement son Metavers Horizon cet été, mais que le directeur du programme a démissionné, Meta n’entend pas laisser tomber le métavers. La société de Mark Zuckerberg doit sentir que les Européens restent dubitatifs et a donc lancé une vaste campagne de lobbying sur le vieux continent pour insister sur les points forts de son projet.

Baptisée « Impact will be real », la campagne veut souligner les aspects utiles de cette nouvelle technologie que l’on oublie souvent derrière les décors rose pastèque et les arbres plus verts qu’une pomme acide du monde virtuel Horizon Worlds. Le film montre des étudiants dans un amphi, tripatouillant des molécules en 3D, ou des élèves qui revivent les discours de Marc Antoine, le célèbre consul romain, en l’observant en train de débattre dans la Rome Antique en 32 avant Jésus Christ. La société vise aussi la formation professionnelle en montrant une jeune médecin en train de s’entraîner à opérer derrière ses lunettes 3D pour mieux réussir à sauver des vies.

Le but de cette campagne ? Faire naître une conversation. « Nous commençons ces conversations tôt et espérons que la campagne contribuera à susciter d’autres conversations et collaborations entre les industries et avec les experts en Europe et au-delà », indique la société. « Alors que la réalité virtuelle a déjà un impact réel, une grande partie de ce que nous envisageons pour le métavers est encore à une dizaine d’années et nécessite une collaboration entre les industries et avec des experts, des universitaires, la société civile, les gouvernements et les régulateurs pour y parvenir », ajoute-t-elle. Pour une révolution qui, « si l’adoption du métavers en Europe devait connaître une croissance similaire à celle de la technologie mobile, (elle) pourrait être associée à une contribution de 440 milliards de dollars au PIB régional d’ici une décennie. »

Confusion

Le tout pourrait être très convaincant si tous ces projets ne pouvaient pas se réaliser hors de tout système métaversique. Les logiciels de formation en réalité virtuelle existent depuis bien longtemps, et continue de progresser, sans. Ils sont même bien meilleurs en local, sans le rendu visuel des moteurs graphiques en ligne.

Car qu’appelle-t-on le métavers finalement ? Meta ne le définit pas. Si c’est un simple système de réalité virtuelle, a-t-on seulement besoin de le vendre en 2022 et de créer des discussions ? L’avenir de la réalité virtuelle dans l’éducation, de la formation, est déjà bien établi et ses avancées inéluctables. En revanche, s’il s’agit d’un écosystème ouvert basé sur la blockchain, base du Web3, en quoi ces projets – dont le bénéfice semble indiscutable - ont-ils un lien avec le métavers ?

Incapable de définir clairement sa vision du métavers dans son film, Meta nous montre une toute petite parcelle de la technologie, déconnectée du reste, pour nous vendre le tout. C’est à croire que Mark Zuckerberg nous présente les bienfaits du téléphone pour nous vendre une appli. Mais faut-il revenir à Graham Bell pour nous convaincre de nous inscrire sur Facebook ?

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