La directrice artistique de BETC, qui a rejoint l'agence deux ans après sa création, a eu l’occasion de travailler sur de nombreuses campagnes : de la saga des bébés Evian, à Lego « Rebuild the World », et dernièrement « The Impossible Encounters » pour Lacoste.
L’individu plus que le groupe
« J’aime le temps et l’espace qui entourent chaque individu, qui lui est propre et qui le rend à la fois unique et universel. Dans mon travail, je cherche à additionner les talents, trouver la bonne personne qui va traduire l’idée et les histoires qu’on peut écrire. Pour la campagne Evian des bébés surfeurs, j’ai fait appel à un réalisateur qui est allé en dehors de sa zone de confort. Je trouve ça intéressant et pas volontaire d’aller dans des endroits inexplorés, en cherchant la justesse de l’image. Il est important pour moi de découvrir des gens, même si on n’en parle plus, rencontrer une œuvre même si elle n’est pas au goût du jour. »
L’artisanat
« Mon père était artisan boulanger. Je l’ai vu faire chaque jour les mêmes gestes et j’ai toujours trouvé fascinant de le regarder chaque jour. Comme une chorégraphie, des gestes simples et précis exécutés souvent à la même heure, un déplacement millimétré dans le fournil, le silence qui accompagne un travail bien fait qui envoie quelque chose d’unique à l’arrivée. On l’attend et on est surpris à chaque fois. Dans cette époque où l’on touche à tout, je suis fascinée par le vrai savoir-faire. Je trouve ça précieux. Il doit être protégé, car c’est ce que l’humain fait de mieux. Il doit continuer de se transmettre. Tout est relié à ma façon de faire, à chaque fois que je choisis un photographe, je sélectionne uniquement une image à la suite d’un shooting. Une image qui a une âme. Si on additionne toutes ces connaissances individuelles, ça finit par donner un beau résultat. »
La tarte Tatin
« Christophe Colomb qui découvre l’Amérique en pensant être aux Indes. J’aime l’idée qu’on réussisse quelque chose en ratant autre chose. J’ai élevé mes enfants avec ce plan B. Ça donne de l’espoir pour tout ce qu’on entreprend. C’est l’acte de prouver et chercher à être libre, c’est une sorte de chance. Dans la création, c’est important de se laisser toutes les opportunités, car on cherche des choses précises. Il y a une porte ouverte à un inattendu. »
Le sport
« J’aime l’idée de faire très sérieusement quelque chose qui relève du divertissement. Le sport c’est la vie, et ses émotions en accéléré. On rit, on pleure, on se dépasse, on s’écrase, on sue, on rate, on réussit, seul, ensemble. Ce que j’aime vraiment : bon ou mauvais, une fois que le match est fait il est fait, on ne le refait pas. Impossible de se raconter autre chose que ce qu’on a été. Avant de faire ce métier, j’ai fait beaucoup de sport en commençant par le judo, puis le basket. J’ai même été ancienne vice-championne de basket en France, j’étais très investie. En grandissant, j’ai gardé ce mental, où il faut beaucoup s’entraîner en travaillant dans l’ombre, pour que le jour-J tout soit en place. Comme sur un shooting. »