Analyse automatique de CV, élaboration de tests de recrutement, génération d’annonces d’emploi… Depuis des années, les IA aident les services de ressources humaines des entreprises pour les tâches fastidieuses, permettant aux DRH de se concentrer sur la dimension humaine. Un article également disponible en version audio.

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L’intelligence artificielle est-elle le nouveau DRH des entreprises ? Depuis plusieurs années, les technologies à base de deep ou de machine learning sont largement utilisées dans les cabinets de recrutement ou dans les services RH des grandes entreprises. La première tâche confiée aux algorithmes d’intelligence artificielle a été l’analyse automatique des CV. Une masse de travail répétitive, fastidieuse, qui peut ainsi générer une défaillance humaine. Alors que 10 % à 15 % des entreprises auraient recours à des outils à base d’IA lors de la phase de recrutement, l’intérêt de l’algorithme repose sur un « processus normé et scoré », estimait Florian Gonfreville, associé du cabinet Julhiet Sterwen, lors d’une table-ronde organisée par Parlons RH au printemps 2022.

« L’IA a aussi une fonction prédictive ; elle permet de voir si certains traits de caractères sont propices à la réussite sur un poste donné. Cela répond donc aussi à un enjeu d’épanouissement du candidat sur son poste », avance Teddy Bisson, responsable du département recrutement à la Caisse d’Épargne Île-de-France. Depuis janvier 2022, l’établissement bancaire utilise la technologie Assessfirst, qui se veut une solution de prédiction du facteur humain en générant des tests de recrutement par une IA.

Même démarche « prédictive » chez Mazars. Afin de tester les soft skills (empathie, capacité d’analyse...) des 17 000 candidats juniors, le cabinet d’audit met en ligne des tests cognitifs élaborés par une intelligence artificielle (Goshaba). « Jusqu’à présent, nous sélectionnions sur le diplôme et le parcours, mais c’est insuffisant et pas toujours satisfaisant », explique Charlotte Gouiard, DRH du cabinet, qui entend ainsi faire émerger des « talents cachés ». En phase de tension sur l’emploi, l’intelligence artificielle sert aussi à stimuler de potentiels candidats. Depuis 2022, la Caisse d’Épargne Île-de-France utilise Bonanza, une solution à base d’IA qui diffuse des campagnes sur les réseaux sociaux, identifie des candidats potentiels et leur adresse des questions de pré-qualification.

Si l’automatisation des tâches RH gagne du terrain, c’est pour se concentrer sur la dimension « humaine » des ressources, plaident les recruteurs. Force est de constater que les initiatives les plus avancées ont d'ailleurs lieu dans des entreprises dotées de structures RH relativement modestes.

L’IA, opportunité ou menace pour l’emploi ?

Selon une étude publiée par Goldman Sachs, les deux tiers des emplois en Europe et aux États-Unis sont exposés à un risque lié à l’avènement des intelligences artificielles. « Le marché du travail pourrait subir d’importantes perturbations », alertent les auteurs. L’adoption généralisée de l’IA pourrait automatiser un quart des tâches fastidieuses. De son côté, l’Organisation internationale du travail vient de rendre public un rapport qui estime que la plupart des emplois ne sont que partiellement exposés à l'automatisation liée à l’IA. Il devrait y avoir peu de destruction d'emplois, note le rapport, mais plutôt des changements en ce qui concerne la qualité des emplois.