Télécoms
Lundi 22 juin, Altice a officialisé son offre de rachat, par sa filiale Numericable-SFR, de Bouygues Telecom. Numericable-SFR et Iliad, la maison-mère de Free, ont annoncé être entré en négociations exclusives autour d'un portefeuille d'actifs dans le cadre de cette offre.

L'offre de rachat de Bouygues Telecom par le propriétaire de Numéricable-SFR Patrick Drahi pour 10 milliards d'euros - une opération à laquelle le gouvernement s'est montré totalement hostile dimanche 21 juin - relève à la fois du «coup de poker» et de «petits arrangements entre amis» au détriment de l'emploi et des consommateurs: c'est la tendance des éditorialistes de la presse ce lundi 22 juin, rapporte l'Agence France-Presse. Une telle opération, si elle aboutit, chamboulera profondément le paysage des télécoms français et surtout celui de la téléphonie mobile, qui était passé de trois à quatre opérateurs en janvier 2012 avec l'arrivée fracassante de Free Mobile.

Pour Les Echos, qui titre en une sur «Le coup de poker de SFR pour dominer les télécoms», «la cause est entendue, les opérateurs télécoms ne gagnent pas autant d'argent qu'avant. A les entendre, leurs marges ont tellement fondu qu'ils auront du mal à investir dans le très haut débit fixe et mobile dont la France a besoin. Tout cela est en grande partie exact. Mais cela n'est pas suffisant pour justifier un rachat sans conditions de Bouygues Telecom par SFR-Numericable. Pas suffisant non plus pour justifier que les opérateurs s'entendent discrètement dans une forme de petits arrangements entre amis pour se partager la dépouille d'un Bouygues voué à disparaître.»

Suspicions d'accord préalable

Dans le quotidien régional L'Alsace, l'on s'interroge: le patron de Free «Xavier Niel a-t-il trouvé, avec Patrick Drahi [patron d'Altice], plus fort que lui ou un allié de circonstance?». Le journal remarque ainsi que «Free et Orange ont fait preuve, dans leurs réactions, d'une inhabituelle bienveillance vis-à-vis de l'offre de Numéricable-SFR. Ce qui confirmerait que des accords ont déjà été conclus. Les trois opérateurs potentiels restant, Free en tête, auront bien du mal à faire croire qu'une concurrence saine et loyale existe».

Le Journal de la Haute-Marne voit dans cette opération «une fuite en avant». «C'est toute la stratégie de Drahi qui interpelle ou qui fait peur», alors que «ses acquisitions s'effectuent au prix d'un endettement massif, estimé déjà à plus de 30 milliards d'euros, avant même le rachat éventuel de Bouygues Telecom». Et le quotidien d'évoquer «le précédent Jean-Marie Messier et sa boulimie légendaire».

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