Création
Sur une idée de l'agence Glory Paris, l'association La Deuxième Marche, qui vient en aide aux personnes en grande difficulté, a réalisé des cartes de vœux destinées aux sans-abris.

C’est un moyen intelligent de détourner une corvée annuelle. Tout a commencé en décembre 2015, quand l’agence Glory Paris a réfléchi sur le fastidieux devoir des cartes de vœux. Le même problème se pose chaque année à toutes les agences: sortir du lot, tout en montrant qu’elles sont dans le coup. «Mais au lieu d’inventer une énième blague pour des clients, on s’est dit que ce serait plus intéressant d’essayer de réaliser les vœux de gens qui en ont vraiment besoin», raconte Arnaud Le Bacquer, codirecteur de création. Glory revient ainsi à la définition des vœux annuels: non pas ce que l’on souhaite pour l’autre, mais que ce dont il a besoin se réalise. «On en est arrivés à vouloir connaître les vœux de personnes en difficulté», continue-t-il.

C’est ici qu’est venue l’idée de réaliser des vœux de sans domicile fixe. L’agence a donc contacté La Deuxième Marche. L’association présidée par Elisabeth Tiberghien propose une aide à la réinsertion aux personnes sans domicile ou en grande difficulté, estimant que «ces personnes ont besoin de retrouver un projet personnel dans la société dont elles sont exclues». Petit à petit, le projet de Glory est donc passé de la carte de vœux de l’agence à une campagne philanthropique, où tout le monde a été embarqué bénévolement. «On ne peut qu’adhérer au projet de remettre aux sans-abris le pied à l’étrier. Nous avons vraiment fait cela pour donner de la visibilité à La Deuxième Marche.»

Orgue de barbarie

L'agence a d'abord passé beaucoup de temps avec l'association. «Nous avons partagé beaucoup de cafés!», se souvient Hugues Pinguet, codirecteur de création de l’agence. Tous les sans-abris sont des personnes que l’association suit régulièrement. «S’en sont suivis de nombreux échanges pour expliquer le projet, parler de la vie, puis nous sommes retournés les voir plusieurs fois», continue Hugues Pinguet. Enfin, l'agence leur a demandé leurs vœux. «Ce sont des vœux parfois complètement inattendus, explique Arnaud Le Bacquer. Un orgue de barbarie, un camping-car, la paix dans le monde…» Puis les graphistes ont dessiné les affiches avec leurs souhaits. Accompagnés d'une caméra, ils sont allés leur offrir dans la rue. Au total, l’agence a capté plus de 8 heures de film, pour plus de vingt SDF rencontrés dans la rue. «Certains ne voulaient pas être enregistrés», reconnaît Hugues Pinguet. Ils cachent leur précarité à leurs proches, ou sont juste gênés de leur situation, «notamment les femmes»

Mais le projet ne s’arrête pas là. «On ne souhaitait pas se limiter à rappeler au public qu’il y a de la misère avec un film poignant», soutient Arnaud Le Bacquer. Une plateforme web a été créée pour que le grand public puisse aider à réaliser les vœux en question. Ainsi, un camping-car est en train d’être rapatrié à Paris. L’orgue de barbarie aussi pourrait voir le jour… Mais à long terme, cela pourrait aller plus loin, avec la création d’une plateforme de mise en relation, via l’association, des sans-abris avec le public pour la réalisation de leur souhait. 

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