institutionnel
Forts de leurs nouvelles missions d'intérêt général, les hôpitaux privés communiquent sur leur accessibilité et leur proximité.

«Cliniques et hôpitaux privés, on peut tous y aller.» C'est avec ce slogan, un brin provocateur, et une toute première campagne télévisée, lancée le 24 avril, que la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) reprend l'offensive sur l'épineux terrain du financement par l'Etat du système de santé français. La tactique est quelque peu différente qu'en septembre 2009. Les cliniques privées s'opposaient alors frontalement aux hôpitaux publics avec une campagne de lobbying (agence FD) jouant, auprès du grand public, la comparaison entre les tarifs hospitaliers du public et du privé (cf. Stratégies n° 1555). Objectif: éviter, en pesant sur les parlementaires, le report de la convergence tarifaire et obtenir, in fine, une meilleure répartition du budget alloué aux deux camps par l'Etat. «Cette campagne nous a donné en partie satisfaction, explique Jean-Loup Durousset, le président de la FHP. La convergence tarifaire est désormais en marche. Mais l'alignement ne concerne que 35 actes sur 2 700. Il existe par ailleurs une autre enveloppe de huit milliards d'euros pour financer les missions d'intérêt général, détenue à 99% par les hôpitaux publics. Nous demandons une meilleure répartition. Le gouvernement, dans le cadre de la loi Hôpital, patients, santé et territoires, nous donne en effet la possibilité d'effectuer des missions de service public que nous assumons d'ores et déjà, avec des services d'urgences ou la formation des professionnels de santé. Si nous avons des devoirs, qu'on nous donne aussi des moyens.»

Pour y parvenir, la FHP croit toujours aux vertus de la communication grand public pour peser sur les décisions politiques et parlementaires (20 millions de téléspectateurs devraient voir cette publicité au budget de 100 000 euros géré par TV Low Cost). Elle ne souhaite cependant plus attaquer frontalement l'hôpital public, comme dans la dernière campagne. «Mieux vaut ne pas rallumer la guerre entre le public et le privé, explique Vincent Lamkin, président de Comfluence, agence en charge de la nouvelle campagne. Le privé fait partie intégrante du système de santé français. Il prend en charge d'ores et déjà 40% des traitements cancéreux et une naissance sur trois. Le défendre, c'est défendre ce duo.»

Travail de fond

Reste que l'un est une icône intouchable jouissant, dans l'opinion, d'une très bonne image quand l'autre est très vite stigmatisé. «Il existe un travail de fond à mener sur l'image de l'hôpital privé, un travail d'information qui doit redonner sa juste place à cet acteur incontournable», poursuit Vincent Lamkin. En déclarant «On peut tous y aller», la campagne s'attaque à quelques idées reçues sur un système réservé aux plus riches. Les relations presse, orchestrées par FD, un magazine externe, Missions santé (agence Sequoia), et un nouveau site Internet d'information et de débat prévu pour fin mai devraient permettre d'éclairer ce nouveau message d'intérêt général autour, notamment, de questions aussi sensibles que les dépassements d'honoraires et l'accueil de tous, quels que soient les revenus du patient et sa pathologie. En espérant que les médecins qui pratiquent les dépassements soient aussi sensibles au message…


Encadré

La réponse des hôpitaux publics

Jusqu'en septembre 2009, la Fédération hospitalière de France (FHF) ne communiquait pas auprès du grand public. Les ardeurs du privé ont changé la donne. En mars 2010, la FHF a lancé une campagne d'affichage dans ses hôpitaux, visités chaque jour par 2,5 millions de Français. Signée «L'hôpital public, on a toutes les raisons pour le choisir» (agence Beaurepaire), elle sera relayée par des bannières sur internet. La FHF lancera également début mai une nouvelle version de son site hopital.fr.

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