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Les services de covoiturage et d'autopartage se développent avec la SNCF, la RATP et dernièrement le groupe PSA. La mobilité partagée augure-t-elle du futur de nos déplacements ?

Lancé en 2006, Blablacar a investi avec succès le marché du covoiturage longue distance (10 millions de membres à travers 13 pays européens). Aujourd'hui, c'est le covoiturage pour les petits trajets (une vingtaine de kilomètres) qui a la cote, notamment auprès des transporteurs publics. Outre la SNCF, qui propose désormais ID Vroom, son service de covoiturage pour les courtes distances, la RATP a lancé en 2014 «un appel à propositions auprès des professionnels du secteur pour élargir son offre de mobilité en proposant un service de covoiturage du quotidien à ses voyageurs». Ce service devrait être lancé courant 2015.


Quant aux constructeurs automobiles, ils se lancent aussi dans la course, à l'instar de PSA, qui vient de signer un partenariat avec Wedrive, service de covoiturage gratuit qui se focalise sur les trajets domicile-travail. En plus d'un investissement d'un million d'euros (soit 20% du capital de Wedrive), cet accord entre PSA et la toute nouvelle start-up lancée le 17 septembre dernier par Cédric Nicolas se traduit aussi «par un partenariat technique, avec notamment l'intégration de l'application Wedrive dans nos voitures», affirme Brigitte Courtehoux, directrice de la business unit Services connectés et Mobilité de PSA.


«Ce qui nous importe, c'est de suivre l'évolution des envies de nos clients, qui veulent réaliser des économies grâce au covoiturage. Les constructeurs automobiles ne doivent pas avoir peur de cette tendance mais au contraire l'accompagner»
, continue-t-elle. Ce mode de déplacement a déjà séduit 21% des Français en 2013 (enquête «Partager sa voiture: une tendance mondiale» par Ipsos et Cetelem) et «pourrait représenter 3 à 5% des trajets en 2030» selon Marc Boilard, consultant du cabinet de conseil Oliver Wyman.


Un mode de transport plus économique


Si PSA se tourne vers le covoiturage, Renault semble plutôt placer ses pions dans le secteur de l'autopartage. «Nous sentons un véritable intérêt du public pour l'autopartage, explique Thierry Viadieu, directeur du programme Nouvelle mobilité chez Renault. En tant que constructeur automobile, notre rôle est d'anticiper ces nouvelles attentes et de concevoir les véhicules qui répondent à cette demande de mobilité partagée pour nos clients.»


Preuve de son engagement, la marque au losange a signé début septembre un partenariat pour créer une co-entreprise de solutions d'autopartage en France et en Europe avec le groupe Bolloré, concepteur d'Autolib, système de voitures électriques en autopartage qui a déjà séduit «plus de 180 000 abonnés». «La voiture n'est plus le démonstrateur social comme ce fut le cas à une époque. On passe de la possession à l'usage», analyse Julien Varin, porte-parole de la marque, qui explique ce succès commercial par des raisons «écologiques, mais surtout économiques». «Pour 5 euros la demi-heure, le conducteur n'a pas à se soucier de faire le plein d'essence, de l'entretien, du stationnement», conclut-il.

 

(encadré)

 

Trois questions à Léa Marzloff, du cabinet d'études et de prospective sur les mobilités Chronos

 

Quelles sont les tendances de la mobilité en France ?
Dans les grandes villes, nous notons une diminution des usages automobiles. A Paris, seuls 40% des foyers possèdent un véhicule. Les urbains utilisent moins leur voiture au profit de la marche, du vélo, mais aussi des transports en commun, des taxis ou des VTC.


Qu'en est-il de l'autopartage et du covoiturage?
L'autopartage pour des trajets domicile-travail va se développer, même s'il y a actuellement une résistance de la part du public. Il va falloir beaucoup de communication pour développer cette tendance. Quant au covoiturage, c'est un marché qui s'est surtout développé pour la longue distance et qui se met doucement en branle pour les zones périurbaines, comme Wedrive à Vélizy-Villacoublay.


Comment imaginer les utilisations de la voiture dans le futur ?
Dans la notion de trajet de porte à porte, on peut imaginer la combinaison de plusieurs modes de transports. La voiture restera le mode de transport le plus pertinent, mais elle sera de plus en plus combinée avec d'autres modes de mobilité, comme le train ou le vélo.

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